La journaliste Isabelle Fiemeyer, qui côtoie depuis très longtemps le personnage de Coco Chanel, nous offre sous une plume romanesque un portrait très réaliste d'une figure du XXe siècle érigée en mythe pour le meilleur et pour le pire. Fruit de la seule enquête vraiment sérieuse sur la période de l'Occupation, ce livre réhabilite Coco tout en nous rappelant que le style Chanel fut synonyme d'émancipation des femmes. Edition augmentée. 13 500 ex vendus de l'édition précédente.
Elsa Dorlin fait appel à une cinquantaine d'autrices pour revenir sur la période 2000-2020, période au cours de laquelle le mouvement féministe a connu un renouveau, une accélération, de nouveaux canaux de diffusion. Nous avons choisi de laisser la parole aux autrices avec des textes longs, pour prendre le temps d'expliciter leurs travaux et de creuser des problématiques qui nous sont chères. Les autrices (universitaires, associatives, écrivaines, agitatrices...) ont participé à cette nouvelle vague, à sa politisation, et dénoncent la violence structurelle de la domination masculine dans la société, au coeur du néolibéralisme, à l'encontre des femmes et des minorités sexuelles et de genre.
Les femmes sont omniprésentes dans l'histoire de l'art occidental. Généralement dans des attitudes stéréotypées, elles endossent une multitude de rôles en étant souvent... dénudées. Un sein (voire deux) qui se fait la malle hors d'un corsage, une paire de fesses bien rondes, une cambrure improbable... On peut dire que les hommes se sont fait plaisir !
Hommes, oui, car jusqu'à la première moitié du XXe siècle, ce sont eux qui dominent le monde de l'art, imposant leurs canons esthétiques. Et si leurs oeuvres s'inscrivent dans un certain contexte socioculturel, leur art a néanmoins contribué à bâtir une image de « la femme » conforme à la société patriarcale et à véhiculer des préjugés qui, encore aujourd'hui, ont la peau dure. En effet, que la gent féminine y soit fantasmée (proportions idéales, mère parfaite, « beauté exotique »), associée au mal (sorcière, femme fatale ou monstrueuse, hystérique ou syphilitique) ou victimisée (agressée, violée, assassinée), peintures et sculptures ont longtemps été un miroir grossissant du sexisme et de la misogynie en Occident.
Dans cet ouvrage richement illustré, Ludivine Gaillard s'appuie sur les mythes et leurs mises en image pour révéler la domination masculine dans l'histoire de l'art occidental à travers les siècles. Avec un ton décalé, mais une plume toujours documentée !
Les initiatrices du féminisme en art.
L'art féministe est un mouvement contemporain qui regroupe des artistes et des oeuvres au service de valeurs féministes. Ce roman graphique nous le fait découvrir de façon incarnée et sensible : il délivre des informations essentielles en s'appuyant sur des images percutantes et sur un récit émouvant. Après un prologue qui décrit le contexte de son émergence dans les années 60, il nous emmène sur les traces de quatre artistes ou groupes d'artistes : Judy ChicaGo, Faith RinGGold, Ana Mendieta et les Guerrilla Girls.
Chacun de ses chapitres s'ouvre sur une double page, avec des citations, des réflexions ou des messages de l'artiste en question. Le récit qui suit donne des éléments biographiques et propose des clés de lecture pour aborder son travail en rapport avec celui d'autres artistes ou d'autres courants. Unique en son genre, cet ouvrage constitue un outil de découverte aussi efficace que divertissant.
L'Oracle féministe est composé de 50 cartes et d'un livret d'accompagnement. 50 femmes icôniques, choisies pour leur parcours hors du commun ou leur engagement, sont ainsi mises à l'honneur. Elles livrents chacune, sur la carte qui leur est consacrée, des prévisions ou des conseils dans trois domaines : travail, société, bien-être. Ces conseils sont tirés de leur vie et de leur pensée, développées dans le livret d'accompagnement.
La sélection met à l'honneur quelques figures historiques et beaucoup de contemporaines, dans les domaines de la politique, du sport, de l'art, du militantisme... Des femmes de tous les continents sont représentées.
« Faire » son genre implique parfois de défaire les normes dominantes de l'existence sociale. La politique de la subversion qu'esquisse Judith Butler ouvre moins la perspective d'une abolition du genre que celle d'un monde dans lequel le genre serait « défait », dans lequel les normes du genre joueraient autrement, tout autrement. Que le genre puisse être défait présuppose qu'il est un « faire » susceptible de transformations et non une structure figée et immuable.
Ce livre, retour critique sur les analyses développées par l'auteure dans Trouble dans le genre, s'inscrit dans une démarche indissociablement théorique et pratique : il s'agit, en s'appuyant sur les théories féministe et queer, de faire la genèse de la production du genre et de travailler à défaire l'emprise des formes de normalisation qui rendent certaines vies invivables, ou difficilement vivables, en les excluant du domaine du possible et du pensable. Par cette critique des normes qui gouvernent le genre avec plus ou moins de succès, il s'agit ici dégager les conditions de la perpétuation ou de la production de formes de vie plus vivables, plus désirables et moins soumises à la violence.
Judith Butler s'attache notamment à mettre en évidence les contradictions auxquelles sont confrontés ceux et celles qui s'efforcent de penser et transformer le genre. Sans prétendre toujours dépasser ces contradictions, ce livre semble suggérer la possibilité de les traiter politiquement : « La tâche de tous ces mouvements me paraît être de distinguer entre les normes et les conventions qui permettent aux gens de respirer, désirer, aimer et vivre, et les normes et les conventions qui restreignent ou minent les conditions de la vie elle-même. La critique des normes de genre doit se situer dans le contexte des vies telles qu'elles sont vécues et doit être guidée par la question de savoir ce qui permet de maximiser les chances d'une vie vivable et de minimiser la possibilité d'une vie insupportable ou même d'une mort sociale ou littérale. »
Tout créateur devrait se poser la question de savoir comment ne pas être complice, volontairement ou involontairement, des systèmes des pouvoirs. Pour cela, il est nécessaire de substituer une éthique des oeuvres à une valeur inconditionnelle de la culture. Dans Penser dans un monde mauvais , Geoffroy de Lagasnerie proposait de placer au coeur des sciences sociales et de la philosophie la production de « savoirs oppositionnels » : comment transposer ces analyses au champ de l'art ? Dès qu'on le confronte au monde et à l'action, que l'on refuse l'autonomisation de la sphère esthétique, il est difficile de ne pas devenir sceptique sur la valeur de l'art : peut-on définir un « art oppositionnel » ? Sur quelles valeurs reposerait-il ? Contre quelles valeurs s'affirmerait-il ? Quelles relations entretiendrait alors l'artiste avec les institutions du monde culturel ?
Cruiser l'utopie décrit un mouvement, une avancée en forme de dérive entre théorie, approche philosophique, critique d'art et récit personnel. Les oeuvres citées, racontées, se mêlent au récit familial ou individuel et aux considérations plus universitaires. Cette pratique de la théorie et de l'esthétique queer s'inscrit dans une interprétation nouvelle de l'espoir tel que perçu par le philosophe Ernst Bloch, articulée à la pensée radicale noire et à la recherche poétique d'auteureices comme Fred Moten et Eileen Myles.Munoz se penche sur la période des révoltes de Stonewall (1969) et analyse par exemple les oeuvres de Frank O'Hara, Andy Warhol, Kevin Aviance, Samuel R. Delany, Fred Herko, LeRoi Jones/Amiri Baraka, Ray Johnson et Jill Johnston. À la théorie queer comme étude correspond une manière de chercher et d'écrire nouvelle, une forme d'hybridité entre la philosophie et les études culturelles. La critique est, comme par anticipation, contenue dans la pratique artistique et le quotidien contre-normatifs dont les récits, à la fois subjectifs et historiques, laissent deviner un advenir queer, lieu de transformations et de libération. Le texte, traduit par Alice Wambergue, est accompagné ici d'une préface d'Élisabeth Lebovici et d'un poème de Fred Moten.
Une seule femme rassemble cent photographies de groupe dans lesquelles n'apparaît qu'une femme, seule au milieu d'hommes. Une réalité flagrante mise en lumière ici pour la première fois. Dans les pages de cet ouvrage unique en son genre figurent des athlètes, des artistes, des militantes, des astronautes, mais aussi des cheffes, des criminelles et des doctoresses, des dentistes, des plongeuses ou encore des réalisatrices, des ouvrières, des scientifiques sans oublier des suffragettes, des secrétaires et des révolutionnaires et même une pilote de course. Bien qu'en infériorité numérique, ces cent femmes d'exception, célèbres ou inconnues, ne passent pas inaperçues. Entre humour, émotion et fascination, ce livre révèle ces pionnières, des débuts de la photographie à nos jours, retraçant ainsi plus d'un siècle d'histoire.