Célèbre pour ses monochromes et pour le fameux bleu outremer qu'il a fait breveter (International Klein Blue), Yves Klein (1928-1962) est assurément l'un des protagonistes de l'art de la seconde moitié du XXe siècle. Judoka émérite, organisateur d'« actions-spectacles », Yves Klein a transformé ses modèles en « Pinceaux vivants », réalisé des « Peintures de Feu », imaginé des oeuvres immatérielles et participé à sa manière à la conquête de l'espace. Il a également beaucoup écrit et son activité est documentée par des photographies, des films et des enregistrements sonores. Ainsi l'artiste a bel et bien construit son propre mythe, la création de son oeuvre ne faisant qu'un avec la création de soi.
Mettant en regard ce récit public avec la dimension plus personnelle et intime de son oeuvre, cet ouvrage explore les liens entre le vécu de l'artiste et ses créations. Au fil des pages, ce livre nous invite parmi les intimes d'Yves Klein - ses parents, peintres, ses modèles et collaboratrices, son cercle d'amis avec lesquels il échange et crée - afin d'explorer de près sa vision de l'art, son sens de l'humour, ses relations avec la religion et la spiritualité, jusqu'à son aspiration ultime vers l'« immatériel ».
Le Musée de Montmartre donne la parole à une femme oubliée, pourtant témoin intime d'une époque : celle de la bohème montmartroise et de la naissance de l'art moderne. Pour la première fois, une exposition et un livre sont consacrés à Fernande Olivier, modèle, écrivaine et artiste.
Cet ouvrage, étayé d'archives rares, analyse et contextualise ses écrits Picasso et ses amis (1933) et Souvenirs intimes (1988). Fernande y livre un récit touchant sur la condition féminine de son temps et dévoile l'intimité du Bateau-Lavoir : Apollinaire, Braque, Derain, Laurencin, Le Douanier Rousseau, Matisse, Max Jacob, Van Dongen et celui avec qui elle partagea sa vie de 1904 à 1912, Pablo Picasso.
« Les livres concernant les artistes, peintres et littérateurs, dont je vais parler, sont muets sur leur intimité, pour la raison essentielle qu'ils n'ont raconté que ce qu'il plaisait aux intéressés de dévoiler publiquement. J'ai vécu avec eux, plus près d'eux que n'importe qui, puisque «chez Picasso» c'était aussi chez eux (...) J'ai vécu de leur existence, je les ai vus vivre, penser, souffrir, espérer et surtout travailler ; vivant, pensant, souffrant, espérant avec eux. Je peux donc, sans craindre de voir mal interpréter mes souvenirs, montrer leur vie secrète et laborieuse. ».
Fernande Olivier, Picasso et ses amis, 1933.
The Musée de Montmartre gives voice to a forgotten woman, but one who bore intimate witness to an epoch: that of bohemian Montmartre and the birth of modern art. For the first time, an exhibition and book are devoted to Fernande Olivier, an artists' model, writer and artist. This work, bolstered by rare archival materials, analyses and contextualises her writings: Picasso et ses amis (1933) and Souvenirs intimes (translated as Loving Picasso in 2001). Fernande delivers a moving account of the female condition during her time and reveals the intimate world of the Bateau-Lavoir: Apollinaire, Braque, Derain, Laurencin Le Douanier Rousseau, Matisse, Max Jacob,Van Dongen, and the one with whom she shared her life from 1904 to 1912, Pablo Picasso.
«Books about the artists, painters and writers of whom I will speak are silent when it comes to their private lives, for the essential reason that they only tell of what their subjects were pleased to reveal publicly. I lived with them, closer to them than anyone else, since 'Chez Picasso' was also their house [...] I lived through their existence, I saw them live, think, suffer, hope and above all work; living, thinking, suffering and hoping alongside them. Thus I can, without fear of seeing my memories misinterpreted, reveal their secret and laborious lives.».
Fernande Olivier, Picasso et ses amis, 1933.
Dans le cadre de la Biennale des Arts Nice, le musée Matisse de Nice présente un dialogue inédit entre David Hockney et Henri Matisse ayant pour point de départ la nouvelle série des Fresh Flowers - encore jamais montrées au public - de l'artiste britannique. En effet, ses dessins sur palette graphique rejoignent l'approche de Matisse qui cherche toujours à restituer, en dehors du seul aspect visuel, le principe végétal de la plante : sa floraison.
Au-delà, le texte de Claudine Grammont, directrice du musée Matisse de Nice, s'attache à montrer comment ces deux géants des XXe etXXIe siècles racontent la modernité en s'appropriant les mêmes codes, les mêmes signes et entrent en résonnance dans leurs recherches et préoccupations formelles.
Issachar Ber Ryback (1897-1935), artiste majeur de l'avant-garde juive des années 1910-20, élève d'Alexandra Exter, comme toute une génération liée à la littérature et au théâtre yiddish en plein essor, cherche une expression plastique spécifiquement juive, qui concilie tradition et modernité. Entre 1917 et 1921, ses oeuvres se nourrissent des innovations stylistiques du cubisme et du cubo-futurisme, au service d'une iconographie marquée par l'art populaire juif et les lettres hébraïques.
À Kiev, en 1918, il participe à la création de la section artistique de la Kultur-Lige, une organisation juive laïque visant à promouvoir la culture yiddish. L'année suivante, dans la revue Oyfgang, il publie avec Boris Aronson le texte-manifeste de l'art juif d'avant-garde « Les voix de la peinture juive », dans lequel il défend un art conjuguant les innovations picturales européennes et les traditions juives, pour exprimer une véritable vision juive du monde.
Le rêve d'une autonomie culturelle juive en Russie se brisera avec la victoire définitive des bolcheviks à Kiev en décembre 1920. Le centre de la vie juive se déplace alors à Moscou pour un temps, puis Ryback part pour Berlin en 1921. Fin 1925, il s'installe définitivement à Paris.
« Dans ma peinture, on voit cette incertitude, ce labyrinthe terrible. C'est mon ciel ce labyrinthe, mais peut être qu'au milieu de ce labyrinthe on trouvera une toute petite certitude. C'est peut-être ça que je cherche. ».
VIEIRA DA SILVA, 1980.
« Je n'aime pas en général les oeuvres qui affichent leurs complications. Je préfère les oeuvres épurées mais qui laissent pressentir, deviner au loin, la complexité des choses du monde. ».
VIEIRA DA SILVA, 1987.
Embrassant une vaste période, des années 1910 aux années 1960, l'histoire du modernisme portugais, dont le poète Fernando Pessoa fut la figure tutélaire et son principal fondateur, se déroule entre le Portugal et Paris : la capitale française, centre artistique international depuis le XIXe siècle, attire les Portugais en quête de modernité. Cette histoire méconnue s'insère dans un contexte international bien plus vaste et met en lumière, à partir d'artistes de générations et de styles différents, un modernisme de tous les pays, de tous les continents. Richement illustré, avec plus d'une centaine d'oeuvres d'artistes portugais célèbres ou peu connus en France, mais qui tous ont contribué à l'art moderne lusitanien comme international, cet ouvrage nous amène à déplacer notre regard, à le faire voyager, et à penser l'histoire de l'art en dehors de ses grandes figures.
Oeuvres de Sarah Affonso, Jose´ de Almada Negreiros, Ma´rio Cesariny, Anto´nio Dacosta, Robert Delaunay, Sonia Delaunay-Terk, Ofe´lia Marques, Santa Rita Pintor, Amadeo de Souza-Cardoso, A´rpa´d Szenes, Eduardo Viana, Maria Helena Vieira da Silva.
Né en 1916 à Hanoï, Jean Delpech arrive à Paris en 1936 et s'inscrit à l'École des Beaux-Arts. Il fait son service militaire dans les chasseurs alpins à partir de 1938, et y reste mobilisé au moment de la déclaration de guerre jusqu'à la fin de l'année 1940. Il vit à Paris sous l'Occupation et devient professeur de dessin au collège technique de Saint-Ouen entre 1941 et 1942. Ses productions de l'époque témoignent à la fois d'un très grand souci du détail et sont révélatrices de l'ambiance particulière qui régnait à l'époque dans la capitale. Entre 1938 et 1945, Jean Delpech réalise de nombreuses oeuvres inspirées de son vécu ou de pure imagination, marquées notamment par le motif récurrent du trophée, mêlant appareillage militaire et références bibliques et mythologiques, constituant une réflexion passionnante sur les dimensions mémorielle et émotionnelle des monuments commémoratifs. Grand prix de Rome de gravure en taille douce en 1948, J. Delpech mène en parallèle une carrière d'enseignant et de graveur après le conflit.
L'oeuvre de Jean Delpech est atypique. Une part de mystère demeure toujours autour de ses dessins et estampes, qui montrent une inspiration visionnaire et fantasmagorique, tout en traitant de sujets très concrets.
L'Auvergne fut pour Jean Dubuffet une terre d'inspiration et de créativité. Il y tissa des amitiés fortes, notamment avec l'écrivain Henri Pourrat, le journaliste de La Montagne Alexandre Vialatte ou encore le sculpteur Philippe Kaeppelin. Au cours de ses nombreux séjours aux côtés de Lili Dubuffet à Durtol, il s'inspira des pâturages et de la lave des volcans.
Cet ouvrage propose un changement de perspective sur son oeuvre et sa carrière, tout en donnant à voir l'effervescence créative et intellectuelle qui a baigné le bassin clermontois au sortir de la Seconde Guerre mondiale. En rassemblant pour la première fois une trentaine de sculptures, dont certaines récemment attribuées à un cultivateur du Puy-de-Dôme, Antoine Rabany (1844-1919), il ouvre également une perspective nouvelle sur l'histoire de l'art brut, mettant en lumière les racines auvergnates du corpus dit « Barbus Mu¨ller ».