David Hockney est l'un des artistes anglais les plus influents des XXe et XXIe siècles, au travers du pop art puis du courant de l'hyperréalisme, où se mêlent peinture aux couleurs acidulées et précision photographique. Depuis 2019, le peintre a quitté la Californie pour s'installer en Normandie.
Une grande exposition internationale consacrée à l'oeuvre de l'artiste contemporain, peintre, graveur, photographe et théoricien de l'art est réalisée par la ville d'Aix-en-Provence au musée Granet, et celle de Londres aux musées nationaux britanniques de la Tate.
Les oeuvres, présentées à travers une approche chronologique, sont conservées en collection publique et couvrent l'ensemble de sa carrière. Première étape d'une itinérance européenne, cette exposition sera à l'affiche en Italie et en Autriche après l'Angleterre et la France.
Mouvement provocateur et dynamique, le Surréalisme déclenche au 20ème siècle un renouvellement esthétique et éthique. Les hommes ne sont pas les seuls à avoir rendu vivants ce courant et ses transgressions : de nombreuses femmes en furent des actrices majeures mais néanmoins mésestimées par les musées et minorées par le marché de l'art.
Le Surréalisme offrit à celles-ci un cadre d'expression et de créativité qui n'eut sans doute pas d'équivalent dans les autres mouvements d'avant-garde. Pourtant, c'est souvent en s'appropriant et en étendant des thèmes initiés par les « leaders » du mouvement qu'elles exprimèrent leur liberté. C'est aussi en se dégageant de ce qui devint parfois une doxa surréaliste qu'elles s'affirmèrent. « Tout contre » le Surréalisme, c'est ainsi que l'on pourrait définir leurs positions diversifiées et complexes à l'égard du mouvement.
Des années trente aux années soixante-dix, le surréalisme féminin forme des constellations éphémères, au gré de ralliements au mouvement souvent temporaires mais aussi d'amitiés qui se nouent hors de ce cadre. L'imaginaire de ces artistes n'est pas aligné sur celui des figures masculines du mouvement. Leurs pratiques, fréquemment interdisciplinaires - picturales, photographiques, sculpturales, cinématographiques, littéraires... - expriment leur volonté d'échappées belles au-delà des normes hétérosexuelles et des frontières géographiques.
C'est une cartographie d'un mouvement éclaté et mondialisé que l'exposition esquisse en évoquant les foyers belge, mexicain, britannique, américain, praguois et français du Surréalisme que ces femmes ont enrichis, passant parfois de l'un à l'autre.
Célèbre pour ses monochromes et pour le fameux bleu outremer qu'il a fait breveter (International Klein Blue), Yves Klein (1928-1962) est assurément l'un des protagonistes de l'art de la seconde moitié du XXe siècle. Judoka émérite, organisateur d'« actions-spectacles », Yves Klein a transformé ses modèles en « Pinceaux vivants », réalisé des « Peintures de Feu », imaginé des oeuvres immatérielles et participé à sa manière à la conquête de l'espace. Il a également beaucoup écrit et son activité est documentée par des photographies, des films et des enregistrements sonores. Ainsi l'artiste a bel et bien construit son propre mythe, la création de son oeuvre ne faisant qu'un avec la création de soi.
Mettant en regard ce récit public avec la dimension plus personnelle et intime de son oeuvre, cet ouvrage explore les liens entre le vécu de l'artiste et ses créations. Au fil des pages, ce livre nous invite parmi les intimes d'Yves Klein - ses parents, peintres, ses modèles et collaboratrices, son cercle d'amis avec lesquels il échange et crée - afin d'explorer de près sa vision de l'art, son sens de l'humour, ses relations avec la religion et la spiritualité, jusqu'à son aspiration ultime vers l'« immatériel ».
Depuis le XVe siècle, où les représentations de monnaies métalliques et de scènes de transactions dans la peinture se multiplient, jusqu'au XXe siècle, où une réflexion plus intrusive dans les mécanismes de l'argent apparait, en passant par le XIXe siècle, qui voit son économie de l'art bouleversée par la naissance de l'impressionnisme et le rôle prépondérant du marchand d'art Paul Durand-Ruel, l'imaginaire produit par les artistes à propos de l'argent est riche et permanent.« La relation entre l'art et l'argent ne saurait se réduire à des considérations économiques entre valeurs et échanges. Le capitalisme a certes fait de l'oeuvre d'art une marchandise comme une autre ; pour autant, l'art impose une valeur idéelle, irrationnelle, flottante voire gazeuse, du zéro à l'infini (ou presque), car il touche à l'inquantifiable : le désir, le plaisir, le rêve, la pulsion, et exacerbe ce que Karl Marx appelait : « l'énigme de la valeur ».
Jean-Michel Bouhours, Commissaire de l'exposition
Depuis les années 1950, un pan figuratif de l'art contemporain s'est développé à l'ombre des avant-gardes. Négligé par les institutions muséales, il a néanmoins été défendu par des galeristes exigeants et a séduit un public de collectionneurs avertis et internationaux. Ce travail du trait, de l'expression, de l'humain demande à être regardé désormais à l'aune du retour de la figuration que l'on peut constater actuellement. Accrochées dans la Ferme Ornée, une centaine d'oeuvres choisies par le critique d'art Guy Boyer permettent de retrouver 35 artistes qui n'ont pas la place qu'ils méritent, comme Dado, Jean Rustin, Gilles Aillaud et Dominique Renson, ou qui ont été récemment remis en avant par des musées comme Sam Szafran, Susanne Hay et Pierre Skira. À l'Orangerie, une exposition contemporaine présente les nouvelles tendances de la figuration en France aujourd'hui avec douze artistes (six femmes et six hommes), exposés trois par trois pendant toute la durée de l'exposition principale.
Artistes exposés : Andrew Wyeth, Jacques Truphémus, Pierre Lesieur, Tibor Csernus, Jean Rustin, Leonardo Cremonini, Dado, Avigdor Arikha, Jurg Kreienbuhl, Gilles Aillaud, Sam Szafran, Susanne Hay, Erik Desmazières, Pierre Skira, Astrid de La Forest, Malgorzata Pasko, Anna Metz, Marian Plug, Frans Pannekoek, Charles Donker, Dominique Renson, Olivier Masmonteil, François Bard, Jérôme Borel, Mouna Rebeiz, Romain Bernini, Gaël Davrinche, Youcef Korichi, Stéphane Belzère, Anahita Masoudi, Raymond Mason, Siemen Dijkstra, Gérard Schlosser, Bernard Rancillac, Catherine Viollet.
Vladimir Baranoff-Rossiné, artiste ukraino-russe, est une figure éminemment représentative de ce qu'aura été l'artiste au XXème siècle. Né en 1889 en Ukraine à Kherson dans une famille juive, il développe un oeuvre à la fois de musicien, peintre et sculpteur d'avant-garde (cubo-futuriste, cubiste, orphiste, abstrait, biomorphiste et synesthésiste). Il meurt en janvier 1944 à Auschwitz.
C'est sans aucun doute Picasso qui résume à lui seul de manière exemplaire la complexion, tout à fait nouvelle par rapport à l'histoire européenne passée de l'art, du créateur à partir de 1910 : ayant rejeté quatre siècles d'académisme renaissant, ayant fait table rase des codes conventionnels de la représentation, l'artiste du XXème siècle se trouva condamné à la quête inlassable de procédés et de modes d'appréhension de la nature ou du monde qui soient toujours nouveaux. Il se fait Protée, comme l'a souligné André Malraux à propos de Picasso précisément.
Lorsque l'on considère l'ensemble de l'oeuvre de Baranoff-Rossiné, on est frappé par son caractère protéiforme. Les périodes les plus variées se succèdent, quelquefois se chevauchent, chaque fois si différentes dans leur style qu'il est impossible de parler de « transition » ou d'«évolution». Alchimiste de la peinture, expérimentateur infatigable, Vladimir Baranoff-Rossiné n'a cessé de créer, d'inventer, de trouver des formules originales. Créateur de son temps, il ne s'est jamais borné à une formule, il a tenu constamment son génie inventif en éveil, et s'il a laissé plus de cinq cents huiles, dessins, aquarelles, gouaches, mais son activité ne s'est pas arrêtée là.
Le Musée de Montmartre donne la parole à une femme oubliée, pourtant témoin intime d'une époque : celle de la bohème montmartroise et de la naissance de l'art moderne. Pour la première fois, une exposition et un livre sont consacrés à Fernande Olivier, modèle, écrivaine et artiste.
Cet ouvrage, étayé d'archives rares, analyse et contextualise ses écrits Picasso et ses amis (1933) et Souvenirs intimes (1988). Fernande y livre un récit touchant sur la condition féminine de son temps et dévoile l'intimité du Bateau-Lavoir : Apollinaire, Braque, Derain, Laurencin, Le Douanier Rousseau, Matisse, Max Jacob, Van Dongen et celui avec qui elle partagea sa vie de 1904 à 1912, Pablo Picasso.« Les livres concernant les artistes, peintres et littérateurs, dont je vais parler, sont muets sur leur intimité, pour la raison essentielle qu'ils n'ont raconté que ce qu'il plaisait aux intéressés de dévoiler publiquement. J'ai vécu avec eux, plus près d'eux que n'importe qui, puisque chez Picasso c'était aussi chez eux (...) J'ai vécu de leur existence, je les ai vus vivre, penser, souffrir, espérer et surtout travailler ; vivant, pensant, souffrant, espérant avec eux. Je peux donc, sans craindre de voir mal interpréter mes souvenirs, montrer leur vie secrète et laborieuse. » Fernande Olivier, Picasso et ses amis, 1933.
César Domela (1900-1992), artiste néerlandais qui commence sa carrière dans la première moitié des années 1920 comme membre du groupe De Stijl.
Par la suite, il s'éloigne des principes du néoplasticisme et abandonne progressivement la peinture à l'huile pour réaliser des reliefs conciliant géométrie et organicisme, devenant un des maîtres incontestables du genre.
Après plusieurs séjours à Berlin, où il a l'occasion de côtoyer de nombreux artistes influents - Laszlo Moholy-Nagy, Alexander Rodtchenko, Raoul Hausmann, Naum Gabo, Kurt Schwitters, Carl Buchheister... - et de s'essayer à plusieurs pratiques telles que le graphisme, le photomontage, la typographie ou encore l'architecture d'intérieur, Domela s'installe définitivement à Paris en 1933. Il devient membre de Cercle et Carré, puis d'Abstraction Création, groupes pour lesquels il contribue activement aux revues.
Pendant la guerre, alors que l'activité artistique est considérablement réduite à Paris, il est régulièrement présent à la galerie Jeanne Bucher qui crée à l'époque un espace accueillant pour la Deuxième École de Paris en train de naître. Il y expose notamment en février 1944 à côté de Nicolas de Staël et de Wassily Kandinsky.
Après la guerre, la richesse et l'originalité de son travail ne cesseront d'être saluées, autant en France où il réside jusqu'à sa mort en 1992, qu'à l'étranger.
Composé de plus de 50 pièces, le catalogue embrasse ces différentes périodes de l'oeuvre de Domela ainsi que la diversité de supports et de techniques qu'il explorait dans son travail.
Au coeur du creuset créatif parisien des années 1910, la flamboyante, extravagante, russe et énigmatique baronne Hélène d'Oettingen attire dans son salon du boulevard Raspail la crème des avant-gardes.
En 1913, le salon de la Baronne devient le siège de la rédaction des Soirées de Paris (revue d'avant-garde créée par Guillaume Apollinaire et sauvée de la faillite grâce aux fortunes personnelles d'Hélène et de son cousin, le peintre Serge Férat), un haut lieu de passage et d'échanges entre les milieux artistiques et littéraires des années 1910. Apollinaire y transporte alors ses fameux « mercredis », attirant les artistes tels que Pablo Picasso, Robert Delaunay, Louis Marcoussis, Fernand Léger, Alexander Archipenko, Serge Charchoune, Natalia Gontcharova, Mikhaïl Larionov ou Francis Picabia. En 1920, plusieurs d'entre eux participent d'ailleurs au deuxième salon de la Section d'Or, groupe créé en 1912 dans l'objectif de diversifier le vocabulaire cubiste, monopolisé à l'époque par les solutions de l'« écurie Kahnweiler », limitant souvent le mouvement aux seuls noms de Braque et de Picasso.
À travers dessins, toiles, sculptures et photographies d'archives présentant l'étonnante personnalité d'Hélène d'Oettingen et de son entourage, l'ouvrage évoque à la fois le trio artistique et fusionnel formé dans les années 1910 avec Léopold Survage et Serge Férat, l'amatrice de l'oeuvre du Douanier Rousseau, ses liens avec les avant-gardes (des Futuristes italiens via Ardengo Soffici aux cubistes de la Section d'Or, des recherches abstraites de Survage aux décors de théâtre et de marionnettes), de sa relation avec Apollinaire à son oeuvre de poétesse sous le pseudonyme de Louis Pieu, de romancière sous celui de Roch Grey et de peintre sous celui de François Angiboult.
« Dans ma peinture, on voit cette incertitude, ce labyrinthe terrible. C'est mon ciel ce labyrinthe, mais peut être qu'au milieu de ce labyrinthe on trouvera une toute petite certitude. C'est peut-être ça que je cherche. ».
VIEIRA DA SILVA, 1980.
« Je n'aime pas en général les oeuvres qui affichent leurs complications. Je préfère les oeuvres épurées mais qui laissent pressentir, deviner au loin, la complexité des choses du monde. ».
VIEIRA DA SILVA, 1987.