Des écrits inédits de Picabia adressés à sa femme et inspiratrice Gabriële Buffet. L'occasion de redécouvrir le talent d'écriture d'un immense original, un géant parmi les artistes du XXe siècle.
J'avais beaucoup de choses à te dire, mais j'ai tout oublié.
Ces lettres et ces poèmes, jamais publiés à ce jour, racontent l'amour de Francis Picabia pour sa première femme, Gabriële Buffet. Plus qu'un amour - un lien unique, intemporel, qui permet à l'artiste de se livrer entièrement à celle qui toujours le subjugua par son esprit.
Quand Francis parle à Gabriële, il n'y a ni passé ni futur. Quand Francis parle à Gabriële, c'est l'éternel vertige d'être vivant dans l'instant, de se tenir en équilibriste dans la juste indignation du présent'. Claire Berest Picabia est un peintre qui peint en écrivant sur ses toiles. Un écrivain qui écrit en dessinant sur ses poèmes. Ogre en mouvement, éructant tableaux et poèmes. Tout ce qui sort de ses mains devient substance picturale, déflagration poétique. Anne Berest Préfaces de Anne et Claire Berest
« Il y a une douceur à l'existence, un dire renouvelé, des ombres qui apportent du repos, l'atténuation des angles, la pousse des plantes... ».
Résonnant comme un testament littéraire, cette anthologie est le fruit d'une sélection toute personnelle d'Etel Adnan : Saisons, Mer et Brouillard, Nuit, Surgir, Déplacer le silence, cinq recueils constituant la quintessence de son oeuvre poétique. L'écrivaine y livre ses méditations sur le monde, les mythes, l'histoire, l'amour, le silence, le langage, l'avancée dans l'âge, la contemplation de la nature, la quête de la beauté, la mort ou encore la renaissance. Mêlant poésie, prose et philosophie, elle propose une exploration fragmentaire de la réalité, questionne la condition humaine et tente de concilier la mémoire et le temps.
Née à Beyrouth, Etel Adnan (1925-2021) est une artiste, poète et essayiste libano-américaine mondialement reconnue et érigée en modèle par les poètes et poétesses d'aujourd'hui.
Traduction : Martin Richet, Jérémy Victor Robert, Françoise Despalles, Pascal Poyet et Françoise Valéry.
En proie à de multiples doutes quant à son inspiration, Rainer Maria Rilke se promène sur les rochers du château de Duino, non loin de Trieste, quand il entend soudain une voix : «Qui donc, si je criais, m'écouterait dans les ordres des anges?» Il tient là les premiers mots des Elégies de Duino, dont la rédaction s'échelonne de 1912 à 1922. Comment vivre avec la menace de la mort ? Comment accepter les limites de l'homme, qui n'est ni animal ni Ange ? L'amour peut lui offrir ce soupçon d'éternité. Et les figures les plus hautes de cette aspiration première seraient l'enfant qui connaît la mort précoce ou encore la femme à l'amour brisé, fuyant tout lien terrestre. En acceptant de se plier à sa condition terrestre, l'homme peut accepter la mort, condition de l'éternité
L'un des plus grands livres que la révolution surréaliste ait jamais produit.
Ce livre est né en quinze jours au prix d'une écriture fiévreuse que facilitait la connaissance parfaite que nous avions l'un de l'autre . Ainsi Eluard décrit-il la collaboration fraternelle qui a donné naissance à une oeuvre sans équivalent, l'une des expressions majeures de la démarche surréaliste.
L'ordonnancement de cette véritable anthropologie poétique s'inspire de la Phénoménologie de l'esprit de Hegel, à qui est emprunté notamment la notion capitale de méditation.
L'Immaculée Conception parcourt des zones dangereuses de l'être, dont Freud s'était fait le découvreur. S'inscrivant dans la pratique inaugurée par les Poésies de Ducasse, les auteurs recourent à des jeux de réécriture complexes qui relancent les surgissements de l'automatisme. Loin de toute gratuité, ces procédures débouchent sur les questionnements graves qui habitent les deux auteurs. L'émerveillement coexiste alors avec le cheminement désespéré vers la mort qui emporte tout le livre.
Cet ouvrage propose une sélection de poèmes de Paul Éluard (1895-1952) consacrés à la peinture ou dédiés à ses très nombreux amis peintres, ceux qui feront de l'art du 20e siècle ce qu'il est devenu : Picasso, Braque, Miró, Dalí, Man Ray, Léger, Klee, Ernst, Chagall, Magritte (27 sont présents dans ce livre).
Plus qu'un poème, une ode fière et vaillante, plus qu'une affiche, une oeuvre intemporelle, plus qu'un livre, un objet culte.
Appris à l'école, mis en musique, cité au cinéma, Liberté est une oeuvre au destin exceptionnel. Après sa publication semi-clandestines en 1942, ce poème de Paul Eluard est devenu emblématique de la Résistance face à l'occupant nazi. Durant la guerre, il fut diffusé de la main à la main et à la radio, imprimé sur des livrets miniatures et largué sur la France par des avions de la Royal Ai Force.
Pour Eluard, proclamer le mot liberté à l'heure où le réigme de Vichy transformait la devise républicaine en un sinistre Travail, Famille, Patrie était un acte hautement subversif et porteur d'espoir. L'idéal qu'il nous exhorte à défendre est apolitique et universel. C'est un hymne à la vie.
Lorsque Eluard meurt subitement, en novembre 1952, l'éditeur Pierre Seghers, lui-même ancien résistant, cherche à lui rendre un hommage éclatant : il demande à leur ami commun, le peintre Fernand Léger, de mettre en couleur le poème Liberté.
Publié en 1953, ce magnifique poème-objet crée un nouvel espace de lecture aux couleurs vives, avec le visage pensif du poète sur le premier feuillet et la calligraphie joyeuse du mot liberté à la fin, tracé d'un geste souverain.
Aujourd'hui, la force de ce poème, qui évoque toute une histoire de luttes et de sacrifices - celle de nos aînés -, est intacte.
Lu et récité dans tous les moments dramatiques, il en est venu à symboliser l'appel au courage et à la résistance à toute forme d'oppression.
C'est Rose qui, assise ou non sur une chaise bleue, voit le monde et les animaux autour d'elle. C'est Rose qui, avec ou sans son cousin Willie, pense, chante, pleure et va sur la montagne. Voilà pour l'histoire, si l'on veut une histoire.
La version bilingue permet d'incarner les tribulations de Rose et Willie dans un texte à la fois chanson, poème, comptine, et légende, tout en goûtant la langue de Gertrude Stein si magnifiquement musicale.
Qui ne voudrait posséder chez soi, mieux que l'anthologie qu'on doit ouvrir en tout trois ou quatre fois dans toute sa vie, ou qu'on ignore, qui ne voudrait vivre dans la compagnie de ce poème et de ce tableau, unis à jamais pour le plaisir des yeux et de la poésie ?
C'est par ces mots que Pierre Seghers présentait dans Les Lettres françaises, en 1953, deux poèmes-objets appelés à devenir des trésors de bibliophiles, disputés aux enchères des ventes de prestige :
Liberté, j'écris ton nom de Paul Eluard et Fernand Léger, et Dentelle d'Éternité de Jean Cocteau.
À la demande de son ami éditeur, le Prince de poètes signe ici un texte lyrique quoique léger sur Éros et Thanato, l'amour se jouant in fine de la mort. Il conçoit son objet comme une dentelle de papier : ses vers libres côtoient deux colonnes ajourées qui, tels les vitraux des chapelles, laissent apparaître un fond bleu profond et lumineux. Tiré à l'époque à cent dix exemplaires, dont deux cent sur vélin d'Arches, et découpé à la main par l'artisan Albert Jon, ce poème-objet n'a plus jamais été réédité.
Près de soixante-dix ans après sa parution, Dentelle d'Éternité émerveille toujours par ses lignes pures et graphiques, élégantes et modernes. Il révèle un Cocteau méconnu, poète génial féru d'arts décoratifs. Cette nouvelle édition, revisitée sous forme de triptyque, est personnalisable comme cadeau de noces, afin que s'enlacent à jamais les noms de tous les beaux amoureux indiscrets .
« La femme à la voiture verte ne / sait pas où elle va / donc elle y va à fond... » Dès les premiers poèmes le ton est donné : Drive est un hymne à la route, à l'évasion et à la liberté des femmes. Liberté de dire. De vivre. D'aimer. De traverser la vie comme les Beatniks traversaient les États-Unis, l'imagination en point de mire. Ce courage d'être soi, Hettie Jones en fait le mot d'ordre d'un féminisme joyeux, intrépide et assumé.
Qu'elle dénonce le sort fait aux femmes en Afghanistan ou en Turquie, au nom du patriarcat et de la religion, qu'elle parle d'amitié ou d'amour, qu'elle évoque les règles des femmes, la ménopause ou l'influence de la lune, elle reste cette femme vive et indépendante que la route de la Beat Generation a conduit jusqu'à nous. À toute vitesse, cheveux au vent.
Les années qui sont les plus formatrices pour un poète ou un écrivain sont celles de l'adolescence. Ce sont des années où votre raison et vos sens croissent visiblement mais dans des directions distinctes et se développent comme indépendamment l'une des autres. C'est pourquoi ce sont des années d'émotions violentes et de confusion mentale. Nous sommes alors comme de jeunes arbres dont les branches partent dans diverses directions donnant l'impression que le tronc va se briser, tiraillé qu'il est entre des tensions opposées.
La genèse de ce livre écrit par un enfant de treize ans est une manière de conte. À leur arrivée à Paris en 1943, la mère d'Antoine Tudal, Jeannine Guillou, et son compagnon depuis 1937, Nicolas de Staël, s'installent dans l'hôtel particulier de Pierre Chéreau, rue Nollet, dans le quartier des Batignolles. Pierre Chéreau est alors en exil en Amérique, son bien confisqué par les autorités allemandes ; c'est la galeriste Jeanne Bucher qui le leur fait ouvrir, avec son parc en friche où les gamins des rues avoisinantes viennent s'encanailler auprès du jeune Antoine. Ce petit franco-polonais qui se fait aussi appeler Antek est, d'après sa mère, « inattrapable en corps et en esprit ». Des tribulations dans les Carpates et dans le désert marocain de son enfance, il a gardé le goût incoercible de la grande vie et des immenses espaces.
On dit qu'il tourne mal. Un larcin qu'il commet par voyouterie innocente à la veille de la Noël 1943, met en danger Nicolas de Staël (les lois en vigueur en font un apatride, et partant un potentiel gibier de camp de concentration). Aussi, pour qu'Antek tire une leçon morale du vol, sa mère, tout ensemble ulcérée et inquiète, l'enferme dans la mansarde de l'hôtel et lui sert les repas sur la marche haute de l'escalier. Au grenier il n'y a rien, sauf une grosse bibliothèque de poésie contemporaine : Gide, Michaux, Supervielle, Birot... Quand après six mois il descend de sa « souspente », c'est avec un cahier de poèmes éblouissants pour son âge, véritable don d'une nuit d'Idumée. Antoine Tudal a concentré sur quelques pages le regard aigu qu'il porte sur le monde adulte, et toute sa rage de la solitude, son angoisse devant un univers menacé par le silence. Pierre Reverdy, à qui l'on rapporte l'histoire, est tout de suite ému par cet enfant dans une mansarde qui, comme lui, aurait su reconnaître en la poésie « le seul moyen de combler l'abîme qui baille entre les choses ». Il alerte le peintre Georges Braque, qui décide de faire imprimer un choix de poèmes chez Robert-J. Godet. Cette édition de luxe, rehaussée par une lithographie de Braque, est l'occasion pour Reverdy d'approfondir dans une très belle préface « au ton d'ironie glacée » sa propre idée de la poésie.
Notre édition de Souspente suit l'originale de 1945, qui n'avait jamais été réimprimée. Elle est enrichie d'un texte d'Anne de Staël, demi-soeur de l'auteur, et d'une note bibliographique d'Étienne Alain Hubert, éditeur des OEuvres complètes de Pierre Reverdy chez Flammarion.
Jindrich Štyrský, grand nom du surréalisme tchèque de l'entre-deux guerres et de toute l'expression moderne, fut autant peintre, collagiste, photographe qu'auteur de poèmes - en vers ou en prose - et d'essais critiques. L'ensemble de textes présenté ici est la traduction intégrale de celui publié sous le même titre - Poésie - en 1946 à Prague.
Publié clandestinement en 1942, traduit en dix langues et parachuté par la RAF sur l'Europe occupée, « Liberté » de Paul Eluard est un poème mythique : avec ses vingt et un quatrains, il a la ferveur d'une déclaration d'amour et la force d'un mot d'ordre. En novembre 2016, « Liberté j'écris ton nom », le poème de Paul Eluard illustré par Fernand Léger, reparaît chez Seghers à l'identique de l'édition originale, datée de 1953.
Tandis que nous nous apprêtons à rendre hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015, la « liberté » scandée par Eluard apparaît plus que jamais comme un leitmotiv, un mot de rassemblement généreux, optimiste, qui va bien au-delà des clivages politiques, sociaux et religieux. Celui qui clame « Liberté, j'écris ton nom » invoque toute une histoire de luttes et de sacrifices - celle de nos aînés -, mais affirme aussi le désir de se sentir vivant, humain, aspirant au bonheur. Dans ce contexte troublé, il nous a semblé important que cette oeuvre soit de nouveau disponible, dans une belle édition, soignée et accessible au plus grand nombre.
L'ensemble des poèmes écrits par Apollinaire entre 1914 et 1918, réunis pour la première fois, méticuleusement retranscris d'après les « manuprimes », eux-mêmes reproduits en annexe.
Des quelque trois cents poèmes écrits par Apollinaire entre la déclaration de guerre le 31 juillet 1914 et sa propre mort le 9 novembre 1918, seul environ un tiers fut publié de son vivant. Le reste n'a été révélé que tardivement, comme les Poèmes à Lou, ou a été dispersé dans des publications posthumes. Il manquait un ouvrage qui permette d'appréhender l'ensemble de cette création.
En substituant aux rassemblements plus ou moins arbitraires une simple juxtaposition au jour le jour, les Poèmes en guerre déroulent une histoire quotidienne où chaque destinataire reprend sa place et son rôle dans le drame vécu par le poète. Ainsi apparaissent plus clairement, mais souvent entre les lignes et dans le non-dit, la détresse, l'angoisse de mort et les recours qui permettent au soldat de « tenir » : l'amour, les amitiés, la capacité de résilience grâce à l'écriture poétique, toujours prête à cueillir « le mystère en fleurs ». Celui qu'on a trop souvent dépeint comme un va-t-en guerre ne manque rien de la terrible réalité. Pontife et araignée, il tisse les liens qui le retiennent en haut et en bas, impuissants cependant à le détourner de son destin tragique.
Claude Debon Professeur émérite à l'université de la Sorbonne Nouvelle, ancienne élève de l'ENS, spécialiste de l'oeuvre de Guillaume Apollinaire, Claude Debon lui a consacré plusieurs ouvrages, dont Claude Debon commente « Calligrammes » (Gallimard, 2004).
En onze recueils, et à travers l'exploration de deux formats (l'aphorisme et la « short prose »), J.J. Zana essaie, avec ce premier livre, de développer une écriture défiant le concept de genre.
« L'acte de création est un travestissement. Face à la toile, au papier, mais surtout en amont de cette confrontation, l'artiste prépare le masque qui lui permettra d'affronter le chaos. Maquillage, costume, parure, - rituel, prière, drogue, - tous les moyens sont bons pour atteindre cette fin : sortir de soi et devenir le moi créateur qui ignore la peur. - Mais varient, selon les cas particuliers, l'espace et la modalité qui séparent les deux moi. Pour certains, la césure est physique ; pour d'autres, cette transformation est purement intérieure : déplacement psychique qui motive la libération de la substance artistique. ».
(in Mort première).
« Axel a encore quitté Vienne. En voyage à Florence, il prétend visiter églises, musées, et clubs gays. Je crois qu'il m'a tout à fait oublié ; je ne sais rien de ses projets. Camille m'ennuie. Lorsque je le croise au supermarché, il commente la couleur de mes cheveux bouclés et s'étonne que mes ongles ne soient pas faits. Mais je l'ai encore laissé m'aimer hier, par habitude, ou facilité... L'effort à fournir pour trouver un nouvel amour est tel qu'il est plus simple de s'enfoncer dans l'actuel, c'est-à-dire le passé. Je sais cependant que rien ne me lie plus à lui, sinon un jeu des corps devenu monotone. C'est que ses fantasmes ne m'étonnent plus ; je ne suis plus surpris par les plis de sa peau, les grimaces de son plaisir, les mots qu'il me susurre lorsque ma langue glisse sur son ventre. Il est ironique que les lassitudes mentale et corporelle se manifestent presque toujours en même temps - car il semble, au départ, qu'elles soient deux forces indépendantes. ».
(in Axel).
Moteur! / prenez votre ticket / installez-vous dans un fauteuil de lecture / ouvrez les yeux sur nos pages-écrans / où passe 35 fois un certain rêve de cinéma / au millimètre près / en VOP / (version originale poétique) / refusant l'explication de texte / mais composant avec l'inspiration des images / dont le montage donne leur chance aux jeunes premiers comme aux vieux routiers / encadre les pouvoirs hypnotiques de la série / envisage & dévisage des visages / ... / + d'exquis & vivants bonus / un long métrage de collures au final / que sectionne ce maître coup de ciseaux oral?: / coupez?! H.F.
L'un cherche des affinités entre des mots ; l'autre, des affinités entre des images (comme un écrivain le ferait avec des mots). Pour que quelque chose se produise. Pareils à de la pâte (dans un moule à gaufres) ils se répondent librement, dans une forme de narration plastique.A.C.
«Quiconque lit les poèmes de Radovan Ivsic en français est frappé par le dépouillement de la syntaxe, d'où naît l'impression qu'une sorte de vide entoure les mots, leur conférant une capacité maximale d'irradier autour d'eux. Bien que souvent choisis parmi les plus courants, les vocables en reçoivent des résonances illimitées ; les phrases s'égrènent une à une comme si elles étaient énoncées dans le silence nocturne. En outre, faisant entendre un langage d'espace autour du langage des mots, des dispositions typographiques variées ont en commun la propriété de ménager de grandes plages de blanc dans la page, qui parfois n'accueille plus que quelques lignes incandescentes, comme dans l'admirable «Mavena». Le miracle est alors qu'isolées les unes des autres par ces traces de l'inconnaissable, les phrases imposent au lecteur avec une autorité souveraine la richesse de l'univers secret dont elles sont issues.» Étienne-Alain Hubert
Nicolas Schöffer avait une vision de l'être et une vision du monde qui s'entrecroisaient dans son art, mettant en relief des questionnements essentiels. C'est ce qui transparaît ici à travers ses textes et dessins qui face à face peuvent se lire dans le sens de l'accroissement et de la diminution. On retourne le livre pour lire d'autres textes qui soudain deviennent autre chose. On peut relire les textes plusieurs fois, on ne perçoit jamais le même sens. Et puis, soudain, une évidence apparaît pour disparaître aussitôt dans la lumière d'un mot, d'une phrase. Peut-être que Nicolas Schöffer veut nous signifier qu'il n'avait qu'une certitude, celle de ne pas en avoir, si ce n'est d'être au monde pour interroger le « nébuleux » ou encore ce « cosmos » qu'il ressent
Mylène Vignon a rencontré Olivier Debré au début des années quatre-vingt-dix, en Touraine.
Elle a fortuitement, lors d'une visite à Vernou-sur-Brenne, accepté de poser pour le peintre. L'orage, le jardin, l'atelier_ une situation propice à soulever un coin de voile sur les secrets de la peinture du maître de l'abstraction fervente.
Dix ans après la disparition du peintre et à la demande de nombreux amis, elle se sent investie d'un devoir de mémoire et accepte la publication de ses notes, accompagnées de poèmes ligériens.
En 1997, Mylène Vignon avait rédigé un article sur Olivier Debré dans le magazine Art in Korea.
Poisson soluble, on l'a oublié, était préfacé, à l'origine, par le Manifeste du surréalisme ; Breton proposait à la fois l'exigence esthétique subversive et l'une de ses possibles réalisations. Témoignage du premier élan du surréalisme, Poisson soluble était déjà situé par Breton dans une perspective historique : «Les caractères communs à tous les textes de ce genre [...] ne s'opposent pas à une certaine évolution de la prose surréaliste dans le temps.» Gracq souligne bien l'originalité de ce que le Pape du surréalisme venait ainsi de réaliser : «Le poème redevient soluble dans la poésie, son orient fragile et changeant nous parle sans cesse d'une eau mère, d'un plasma poétique dont la pulsation l'irrigue et auquel continue de l'unir une vivante consanguinité. Le diamant mallarméen cède la place à la perle des mers.»
«La méthode analogique, tenue en honneur dans l'Antiquité et au Moyen Âge, depuis lors grossièrement supplantée par la méthode logique qui nous a conduits à l'impasse qu'on sait, le premier devoir des poètes, des artistes est de la rétablir dans toutes ses prérogatives, à charge de l'arracher aux arrière-pensées spiritualistes qui, s'étant toujours comportées vis-à-vis d'elle en parasites, vicient ou paralysent son fonctionnement.»