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Notre vie quotidienne se nourrit de mythes : le catch, le striptease, l'auto, la publicité, le tourisme... qui bientôt nous débordent. Isolés de l'actualité qui les fait naître, ils apparaissent soudainement pour ce qu'ils sont : l'idéologie de la culture de masse moderne. Le mythologue Roland Barthes les décrypte ici avec le souci - formulé dans l'essai sur le mythe aujourd'hui qui clôt l'ouvrage - de réconcilier le réel et les hommes, la description et l'explication, l'objet et le savoir.
" Nous voguons sans cesse entre l'objet et sa démystification, impuissants à rendre sa totalité : car si nous pénétrons l'objet, nous le libérons mais nous le détruisons ; et si nous lui laissons son poids, nous le respectons, mais nous le restituons encore mystifié. " Roland Barthes
Pourquoi le Japon ? Parce que c'est le pays de l'écriture : de tous les pays que l'auteur a pu connaître, le Japon est celui où il a rencontré le travail du signe le plus proche de ses convictions et de ses fantasmes, ou, si l'on préfère, le plus éloigné des dégoûts, des irritations et des refus que suscite en lui la sémiocratie occidentale. Le signe japonais est fort : admirablement réglé, agencé, affiché, jamais naturalisé ou rationalisé. Le signe japonais est vide : son signifié fuit, point de dieu, de vérité, de morale au fond de ces signifiants qui règnent sans contrepartie. Et surtout, la qualité supérieure de ce signe, la noblesse de son affirmation et la grâce érotique dont il se dessine sont apposées partout, sur les objets et sur les conduites les plus futiles, celles que nous renvoyons ordinairement dans l'insignifiance ou la vulgarité. Le lieu du signe ne sera donc pas cherché ici du côté de ses domaines institutionnels : il ne sera question ni d'art, ni de folklore, ni même de « civilisation » (on n'opposera pas le Japon féodal au Japon technique). Il sera question de la ville, du magasin, du théâtre, de la politesse, des jardins, de la violence ; il sera question de quelques gestes, de quelques nourritures, de quelques poèmes ; il sera question des visages, des yeux et des pinceaux avec quoi tout cela s'écrit mais ne se peint pas.
Roland Barthes
L'objet que se donne la peinture chinoise est de créer un microcosme, « plus vrai que la Nature elle-même » (Tsung Ping) : ceci ne s'obtient qu'en restituant les souffles vitaux qui animent l'Univers ; aussi le peintre cherche-t-il à capter les lignes internes des choses et à fixer les relations qu'elles entretiennent entre elles, d'où l'importance du trait. Mais ces lignes de force ne peuvent s'incarner que sur un fond qui est le Vide. Il faut donc réaliser le Vide sur la toile, entre les éléments et dans le trait même.
C'est autour de ce Vide que s'organisent toutes les autres notions de la peinture chinoise ; celles-ci forment un système signifiant auquel François Cheng est le premier à appliquer une analyse sémiologique. Son commentaire est enrichi par d'amples citations et des reproductions.
Grâce à ses expériences de terrain en tant qu'ethnologue des communautés d'éleveurs de rennes de Laponie, et avec l'aide de bon nombre de philosophes et d'anthropologues (Martin Heidegger, Gregory Bateson, Gilles Deleuze, Jakob von Uexküll, James Gibson, Charles Darwin, etc.), Tim Ingold déploie dans cette anthologie les lignes d'une pensée originale délimitant les territoires de l'évolution biologique et culturelle, les environnements humains et non humains, les royaumes de la pensée et de l'action, ainsi que les discours rivaux de l'art et de la science.
De la poétique de l'habiter à l'écologie du sensible, Tim Ingold plaide pour une réconciliation entre les projets de la science naturelle et ceux de l'éthique environnementale, pour un retour aux sources de l'anthropologie.
C'est au XIXe siècle que se construit un univers littéraire et artistique pleinement arraché aux bureaucraties d'état, à leurs académies et aux canons du bon goût qu'elles imposaient.
Pierre Bourdieu, décrivant la structure du champ littéraire dans ses configurations successives, montre d'abord ce que l'oeuvre de Flaubert doit à la constitution du champ, c'est-à-dire en quoi Flaubert écrivain est produit par ce qu'il contribue à produire.
En définissant la logique - sublimée dans les oeuvres - à laquelle obéissent écrivains et institutions littéraires, Pierre Bourdieu pose les fondements d'une science des oeuvres, dont l'objet serait la production non seulement de l'oeuvre elle-même mais aussi de sa valeur.
Loin d'anéantir le créateur sous l'effet des déterminations sociales liées à son milieu d'origine, l'analyse de l'espace des possibles qui sont inscrits dans un état déterminé du champ permet de comprendre le travail que l'artiste doit accomplir, contre ces déterminations et grâce à elles, pour se produire comme créateur, c'est-à-dire comme sujet de sa propre création.
Imprévue et cependant régulière, toujours nouvelle et toujours intelligible, la Mode n'a cessé d'intéresser les psychologues, les esthéticiens, les sociologues. C'est pourtant d'un point de vue nouveau que Roland Barthes l'interroge : la saisissant à travers les descriptions de la presse, il dévoile en elle un système de significations et la soumet pour la première fois à une véritable analyse sémantique : comment les hommes font-ils du sens avec leur vêtement et leur parole ?
Dans une fable illustre, Borges a montré que deux textes littéralement indiscernables pouvaient constituer deux oeuvres différentes, voire antithétiques. Arthur Danto étend ici à l'ensemble des pratiques artistiques cette interrogation : le même objet peut être ici une vulgaire roue de bicyclette, là une oeuvre (Roue de bicyclette, par Marcel Duchamp) cotée à cette Bourse des valeurs esthétiques qu'on appelle le « monde de l'art ». Une telle transfiguration montre que la spécificité de l'oeuvre d'art ne tient pas à des propriétés matérielles ou perceptuelles, mais catégorielles : l'oeuvre possède une structure intentionnelle parce que, figurative ou non, elle est toujours à propos de quelque chose.
En sept études, Carl Schorske dévoile la naissance de notre modernité. Celle-ci commence à Vienne, dans les années 1880, où la bourgeoisie libérale, parvenue au pouvoir, traduit ses espérances dans le prodigieux remodelage de la Ringstrasse. Mais le peuple tenu à l'écart de la scène politique y fait une brutale irruption, guidé par les leaders antisémites. Face à ce déferlement de violence politique dont Hitler saura s'inspirer, beaucoup rejettent les illusions de leurs pères : à la raison, ils opposent le sentiment ; aux normes sociales, ils substituent la libération des instincts ; à l'empire multinational, ils préfèrent une terre promise. Herzl bâtit l'État juif, Freud libère l'inconscient, Otto Wagner esquisse la ville de demain, Klimt révèle les visages d'Éros, Kokoschka révolutionne le langage et Schoenberg invente la musique.
En 1957, Roland Barthes publie les Mythologies.
De la DS au steak-frites, de l'abbé Pierre au courrier du coeur, « il fait le portrait brillant et acide de la société française de consommation à travers ses icônes économiques, domestiques, politiques et culturelles. Un demi-siècle plus tard, ce tableau de moeurs a gardé tout son éclat. Fidèle aux principes, sinon idéologiques, du moins sémiologiques de son auteur, nous ouvrons, à notre tour, le bazar des années 2000 ».
(Jérôme Garcin). Une soixantaine de « nouvelles mythologies » sont rassemblées dans cet ouvrage dirigé et préfacé par Jérôme Garcin. Du 4 x 4 au corps nu d'Emmanuelle Béart, du sushi à l'écran plat, en passant par l'euro, le commerce équitable, les capsules Nespresso ou le blog, une soixantaine d'écrivains, de philosophes, de sociologues dressent le portrait de la société française de ce début de millénaire.
Parmi ceux-ci, Jean-Paul Dubois, Philippe Delerm, Catherine Millet, Daniel Sibony, Charles Dantzig, Philippe Sollers, Gilles Lipovetsky, Frédéric Vitoux, Jacques Drillon, Patrick Rambaud, Jacques-Alain Miller, Boris Cyrulnik, etc.