En 1685, le Code noir défendait aux esclaves de porter aucune arme offensive ni de gros bâtons sous peine de fouet. Au XIXe siècle, en Algérie, l'État colonial interdisait les armes aux indigènes, tout en accordant aux colons le droit de s'armer. Aujourd'hui, certaines vies comptent si peu que l'on peut tirer dans le dos d'un adolescent noir au prétexte qu'il était menaçant .
Une ligne de partage oppose historiquement les corps dignes d'être défendus à ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables, sont laissés sans défense. Ce désarmement organisé des subalternes pose directement, pour tout élan de libération, la question du recours à la violence pour sa propre défense.
Des résistances esclaves au ju-jitsu des suffragistes, de l'insurrection du ghetto de Varsovie aux Black Panthers ou aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie de l'autodéfense politique. Sous l'histoire officielle de la légitime défense affleurent des éthiques martiales de soi , pratiques ensevelies où le fait de se défendre en attaquant apparaît comme la condition de possibilité de sa survie comme de son devenir politique. Cette histoire de la violence éclaire la définition même de la subjectivité moderne, telle qu'elle est pensée dans et par les politiques de sécurité contemporaines, et implique une relecture critique de la philosophie politique, où Hobbes et Locke côtoient Frantz Fanon, Michel Foucault, Malcolm X, June Jordan ou Judith Butler.
Qu?est-ce que le beau ? À quoi mesure-t-on la valeur d?une oeuvre d?art ? Quel est le rôle d?un musée ? Comment se forme le goût ? Qu?est-ce qui distingue un original de sa reproduction ? La bande dessinée est-elle un art légitime ?
Dans cet essai graphique et autobiographique, Claire Le Men construit son musée imaginaire et propose aux lecteurs et lectrices de vagabonder parmi ses oeuvres favorites -; des chefs-d?oeuvre comme des productions d?artistes plus confidentiels -; pour interroger le rôle de l?art, ses fonctions et ses significations sociales.
En mêlant avec une grande virtuosité et beaucoup d?humour ses souvenirs d?enfance auprès de sa mère, historienne de l?art et personnage haut en couleur, les écrits d?auteurs tels Pierre Bourdieu, André Malraux ou Jean Renoir, des anecdotes éclairantes sur certaines oeuvres ou sur des mouvements artistiques, et ses réflexions personnelles, l?autrice livre avec Mon musée imaginaire un ouvrage passionnant qui raconte son parcours et sa relation avec sa mère tout en faisant vivre l?histoire de l?art.
Lip au féminin a été écrit pour inviter les femmes à parler de leurs problèmes, de leur vie au travail, du travail ménager, de leur vécu à la maison. C'est un livre simple et clair, profondément vrai, vivant et qui ne se pare pas du langage abstrait. Il est le fruit d'une réflexion collective élaborée en toute liberté. Ecrit par des femmes, pour les femmes, Lip au féminin est bien de ces livres que tout homme devrait lire. Avec passion.
Le rapport ambivalent que nous entretenons à l'égard du possible est révélateur des difficultés à transformer en profondeur la société. Exalté par le capitalisme sous la forme du potentiel, confondu avec le désirable par ceux qui lui opposent des alternatives, le « possible » n'est, pour la plupart, qu'une chimère, quand il n'est pas le paravent de la destinée. Face à la délimitation et à la préemption des possibles qu'opère tout pouvoir, nous ne pourrons rouvrir l'horizon qu'en portant un autre regard sur les possibilités latentes qu'enferme le réel.
Ni prophétie, ni programme, prévision calculée ou utopie de papier, la perspective du possible proposée dans cet ouvrage entend dénaturaliser l'avenir en prenant au sérieux les potentialités du présent. Haud Guéguen et Laurent Jeanpierre renouvellent ainsi une tradition de pensée qui, puisant dans les oeuvres de Marx et de Weber, inspire la sociologie et la théorie critique depuis leurs origines. Ils montrent sa fécondité pour cartographier les possibles avec rigueur et penser stratégiquement la question de leur actualisation.
Le dernier siècle a séparé et souvent opposé l'utopie, les sciences de la société, la critique sociale et l'émancipation, pourtant unies chez les socialistes révolutionnaires. Il s'agit de les rassembler à nouveau pour restaurer les conditions de l'espérance. Tel pourrait bien être, aujourd'hui, l'antidote à la fois savant et politique à l'impuissance de la critique et des gauches.
Les femmes ont besoin de retrouver et d'écrire leur propre histoire, trop souvent oubliée par « l'histoire au masculin ». Trop souvent caricaturée aussi, comme si elle n'avait existé qu'à travers quelques épisodes héroïques de la lutte révolutionnaire et quelques personnages hauts en couleur. Dernier aspect cette méconnaissance : l'idée, courante aujourd'hui, que le féminisme, fort du XIXe siècle, ne serait sorti de ses cendres que vers 1970. C'est contre cette vision simpliste de l'histoire des femmes, et de leurs luttes, que s'élève Huguette Bouchardeau. Souvent piégées dans les rôles qu'on leur assigne, les femmes sauront aussi en tirer des moyens pour leur libération. Réflexions sur le passé et analyses sur le mouvement actuel des femmes se répondent et font de ce livre bien autre chose qu'un aperçu sur des années mortes : des voies pour comprendre les aspects dispersés et divers des luttes de femmes d'aujourd'hui.
« À travers l'analyse, précise et fine, des institutions, des oeuvres écrites, des documents, la question que Louis Gernet ne cessa de poser au monde ancien nous concerne de façon directe ; elle nous met nous-mêmes en cause : pourquoi et comment se sont constitués ces formes de vie sociale, ces modes de penser, où l'Occident situe son origine, où il croit pouvoir se reconnaître, et qui servent - aujourd'hui encore - à la culture européenne de référence et de justification ? Envisagé de ce point de vue, ce qu'on appelle traditionnellement l'« humanisme », se trouve remis à sa place, situé historiquement, relativisé. Mais dépouillée de sa prétention à incarner l'Esprit absolu, la Raison éternelle, l'expérience grecque retrouve couleur et relief. Elle prend tout son sens dès lors que, confrontée aux grandes civilisations différentes, comme celles du Proche-Orient, de l'Inde, de la Chine, de l'Afrique, et de l'Amérique précolombienne, elle apparaît comme une voie, parmi d'autres, dans laquelle l'histoire humaine s'est engagée.
« Louis Gernet était mieux armé que quiconque pour mener son enquête dans cette ligne. Philosophe et sociologue, autant qu'helléniste, il appartenait à la génération des Herz, Mauss et Granet, qui furent tous de ses amis, et dont il avait la stature intellectuelle. Qu'on relise son premier article, de 1909, sur l'approvisionnement d'Athènes en blé au Ve et IVe siècles, ou sa thèse de Doctorat sur le développement de la pensée juridique et morale de Grèce, si fortement marquée par l'influence durkheimienne, qu'on les compare aux études qu'au soir de sa vie il faisait paraître dans le Journal de Psychologie, on y retrouvera ce double et constant souci : partir des réalités collectives, à tous les niveaux, en cerner la forme dense, en bien mesurer le poids social, mais ne jamais les séparer des attitudes psychologiques, des mécanismes mentaux, sans lesquels ni l'avènement, ni la marche, ni les changements des institutions ne sont intelligibles. »
J.-P. Vernant (Extrait de la préface).
En décembre 2013, une production de l'artiste américain Jeff Koons, Balloon Dog (orange), a été adjugée par Christie's pour le prix record de 58,4 millions de dollars. C'est pourtant une pièce produite en cinq exemplaires, chacun de couleur différente, aujourd'hui détenus par de grands collectionneurs comme François Pinault ou Elie Broad. Tous deux ont ouvert un espace muséal, à Venise et Los Angeles, se substituant aux institutions publiques dont les moyens apparaissent désormais dérisoires. Jeff Koons est par ailleurs représenté par la puissante galerie Gagosian.
Christie's, Gagosian, Koons, Pinault : quatre acteurs centraux d'un marché dont la structure se rapproche fortement, à l'instar de la musique et du cinéma, d'un oligopole à frange, où quelques acteurs mondialisés contrôlent le marché tout en laissant la tâche à de multiples galeries - petites et moyennes - de repérer les nouveaux talents et d'assumer la prise de risque liée à la découverte.
Comment certains artistes émergent-ils et deviennent-ils des stars mondiales ? Pourquoi une photographie, une toile, une installation peuvent-elles atteindre plusieurs millions d'euros ? Cet ouvrage montre comment la valeur d'une oeuvre d'art contemporain résulte d'un jeu complexe d'interactions entre acteurs : artistes, galeries, conservateurs, commissaires d'exposition, collectionneurs, critiques. Le talent, bien sûr, mais aussi le hasard et les stratégies se mêlent pour donner naissance à des hiérarchies de valeurs, qui font in fine l'objet d'un relatif consensus.
Les musées sont devenus en une génération l'une des institutions culturelles les mieux considérées et les plus fréquentées à travers le monde. La préoccupation des publics, désormais centrale, illustre une politique de développement culturel tandis que la multiplication des collections nourrit une redéfinition des patrimoines. L'organisation des établissements, davantage professionnelle, répond à des exigences politiques et sociales, mais aussi à des contraintes éthiques et communicationnelles inédites ; en particulier, les impératifs de la médiation et de l'exposition entraînent l'apparition de nouveaux métiers. L'analyse de l'institution s'inscrit au croisement de l'anthropologie de la culture, de la sociologie du travail ou des organisations, et de l'histoire des objets.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
« Ces gens-là » ce sont les habitants d'une cité de transit auprès desquels l'auteur a enquêté systématiquement. « Nous devons remercier Colette Pétonnet de nous donner aujourd'hui un livre passionnant, admirablement pensé et écrit sur ce sujet, écrit Roger Bastide dans sa préface, mais il faut aller plus loin ; il faut la féliciter d'avoir appliqué à ce sujet les méthodes de l'ethnologie, en vivant dans la cité qu'elle décrivait, en utilisant l'observation participante, les entretiens continus, au fil des heures et des saisons. Ce qui fait que la Cité de La Halle revit devant nous, avec ses commérages dans les couloirs, ses drames ou ses moments de fête, les rites secrets des caves et les aventures des jeunes dans la « brousse » environnante. Car la « maison » ici, ce n'est pas seulement l'appartement, c'est aussi le couloir, l'escalier, les caves ou la cour, chaque sous-groupe, groupe sexuel ou groupe d'âge, ayant son domaine propre, qu'il façonne et qui le façonne. »
L'aventure commence quand, par un jour indifférent, calme, bercé par les mouettes, un jeune homme de bonne famille juive marocaine s'embarque, à l'aube du siècle, pour l'inconnu, pour cette Europe lointaine, fascination d'un exotisme, dont seules quelques cartes postales parlent encore avec mélancolie. Elle commence aussi, et efface le temps dans un petit cimetière marin quand, cent ans après, le même homme, inexplicablement le même, médite devant la tombe du dernier Juif, la mort gagnée par les embruns de l'océan et l'herbe tenace. Deux mondes jetés à la rencontre l'un de l'autre, à l'entrecroisement, sur la ligne de fracture, la flamme de la séduction, le charme discret de la conquête coloniale, la mort à soi-même, élégante et subtile. Un monde qui meurt, un monde qui naît : en 1945, pour la première fois, le soleil se lève à l'Est. Ébloui, séduit, son coeur bascule, il sera un révolutionnaire professionnel, désir naïf, secrètement confié à un journal d'adolescence maladroit, désir désormais greffé, implanté dans la dure réalité de la lutte d'un peuple pour son indépendance. Sérieux, trop sérieux, il manque se perdre dans la souffrance de l'échec, la déchirure de l'illusion. Il s'évade, trompe la surveillance de l'événement objectif, déjoue les pièges du cannibalisme autocritique, rejette la tentation sournoise du témoignage et dissout le temps, la mémoire dans l'absence de souvenirs. Évasion d'un lieu sans cesse décentré : le coeur éclaté d'une expérience, d'une écriture ponctuée qu'il voudrait détruire sans doute par nostalgie de cette innocence perdue, née sous un ciel où rien ne vient ancrer le destin libre de la parole chaque jour renaissante. Marocain, juif, arabe, ex-communiste... Edmond Amran El Maleh est né en 1917 à Safi, au sein d'une famille juive marocaine. En 1945, il adhère au parti communiste, alors en formation, et assume les fonctions de secrétaire des Jeunesses communistes. En 1948, il est élu au comité central, puis au bureau politique ; il connaît les dures conditions de la clandestinité, et participe pleinement à la lutte du peuple marocain pour son indépendance. Il démissionne du parti en 1959, et cesse toute activité politique. Installé en France depuis 1965, il enseigne et publie des études, des articles, des entretiens, dans différents journaux et revues, notamment dans Le Monde.
"L'économie ouverte (1948-1990)" est le 4e tome de la "Nouvelle histoire économique de la France contemporaine" et retrace la période située entre les trente glorieuses, la crise, les années qui ont vu l'apogée de l'État Providence, jusqu'à la France post-industrielle.
La philosophie de l'esprit et des phénomènes mentaux a connu, depuis une trentaine d'années, un renouveau important., notamment en raison de l'intérêt suscité chez les philosophes par les progrès des neurosciences et des sciences cognitives. Au sein de la tradition analytique anglo-américaine, en particulier, un véritable tournant mentaliste et naturaliste tend désormais à supplanter l'approche linguistique, jusque-là dominante. Ce livre propose une introduction aux thèmes riches et complexes que développent des auteurs comme Davidson, Fodor, Dennett et Dretske : les relations de l'esprit et du corps, le problème de la causalité mentale, celui de l'explication en sciences cognitives, les débats sur le statut de la psychologie populaire, la nature des croyances chez les adultes, les enfants et les animaux, des images mentales, de l'identité personnelle et de la conscience. Et il présente, de façon synthétique et rigoureuse, les principales théories de l'esprit actuelles : l'identité esprit-cerveau, le fonctionnalisme, l'éliminativisme, et les divers programmes de naturalisation de l'intentionnalité. L'auteur montre que la philosophie de l'esprit contemporaine est un domaine très ouvert, étroitement lié aux problématiques philosophiques traditionnelles, comme à celles des sciences cognitives. Il s'efforce de défendre une forme de matérialisme non réductionniste, sensible à la fois au caractère naturel et causal des phénomènes mentaux, et à leur dimension spécifique et autonome.
L'effondrement financier de la Russie, en août 1998, a déclenché une double réaction en chaîne aux effets dévastateurs. D'abord, et surtout, pour la population russe, confrontée à une crise politique, économique et sociale sans précédent. Mais aussi, d'une autre façon, pour le reste du monde, en particulier pour les pays de l'Union européenne. Pour comprendre cette crise et ses effets possibles à moyen et long terme, il est fondamental d'en connaître les causes. Tel est le premier objet de court essai de l'un des meilleurs spécialistes français de la Russie. Jacques Sapir y montre, de façon particulièrement convaincante, pourquoi le krach, pourtant largement prévisible, a surpris la majorité des responsables et des experts occidentaux : ceux-ci ont préféré fermer les yeux sur le chaos dans lequel le pays était plongé depuis plusieurs années. Et il montre aussi comment ces responsables (FMI, G7...) ont encouragé les gouvernements russes à suivre des politiques qui ne pouvaient mener qu'à des impasses. Tout autant que ses graves conséquences matérielles, le krach a ouvert une profonde crise morale en Russie, qui frappe de discrédit la nouvelle élite russe, coupée de la société et déchirée par de féroces conflits. Mais cette crise touche aussi les opinions occidentales, choquées par les erreurs incroyables des grandes puissances qui prétendent régenter le monde. Pourtant, le pire n'est pas sûr, comme le montre Jacques Sapir en explorant en conclusion les conditions du redressement.
Non pas les animaux dans Homère, non pas les animaux à l'époque d'Homère, tous sujets légitimes et rebattus - n'a-t-on pas affirmé qu'il y avait des lions dans l'Olympe ? - mais les animaux et les hommes dans la poésie homérique. Comme il n'est pas de société sans imaginaire, dans chacune des expériences collectives de l'homme, l'animal est lui-même, et le double de l'homme : double social, culturel, éventuellement politique. Présence, tour à tour, familière et menaçante - le chien et le sanglier, le cheval et le lion -, il renvoie tout aussi bien à un monde symbolique qu'à un monde réel. Mais, ici, l'expérience collective est un texte : l'Iliade et l'Odyssée, un texte et non une société que nous puissions observer directement. Les hommes - Diomède, Achille, Ulysse - y sont représentés tout comme les animaux. Le héros, le lion, le masque : Annie Schnapp-Gourbeillon n'a pas voulu faire, après tant d'autres, un simple relevé des comparaisons homériques, cette matrice de 27 siècles de littérature occidentale, mais comprendre comment s'associent l'homme et l'animal. Symétrique du héros, le lion, le sanglier aussi, est son double idéal, celui qui incarne, en permanence, le pic des vertus guerrières auxquels aucun homme ne peut jamais prétendre totalement. Mais ce lion est aussi ravisseur de troupeaux, et ses seuls ennemis sont les paysans, les bergers et les chiens. Et voici le héros réduit à cette peu glorieuse fonction que l'épée dissimule, et que le registre des comparaisons met en lumière. Ce livre est une introduction à une anthropologie de la dissimulation.
Un siècle à peine après sa naissance, l'automobile avait bouleversé toutes les habitudes de l'homme et rendu son environnement invivable : en quelques décennies, ce nouveau prédateur avait transformé le paysage, détruit la faune et la flore, éventré le coeur des villes... Cette invasion fut progressive et, l'habitude aidant, l'ampleur de ses effets fut longtemps mal perçue. Jusqu'au jour où l'asphyxie devint quasi-totale. L'expérience de la « semaine sans automobiles » à Toulouse montra la voie, conduisant à la fin du XXe siècle à cette décision fantastique que tous ont bien sûr en mémoire : l'interdiction de l'automobile sur tout le territoire français. C'est l'histoire de cette longue conquête par l'automobile de l'homme et de son espace, et de leur difficile reconquête, que raconte ici un vieux Toulousain. Il porte un regard tendre et naïf sur les jours heureux qui précédèrent l'avènement de la « civilisation automobile » et apporte un témoignage lucide sur les bouleversements qu'elle introduisit, à Toulouse et ailleurs, avant que le calme ne revienne enfin...
Qu'est-ce qu'une association ? Quelle est l'importance du mouvement associatif français ? Quelles sont les origines de la fameuse loi de 1901 ? Qu'ont en commun les associations de services sanitaires et sociaux, celles d'éducation populaire et les joueurs de boules ? Quel rôle ce secteur joue-t-il dans l'économie ? Est-il créateur d'emploi ? Quels en sont les acteurs ? Quelles relations ont-ils avec les pouvoirs publics ?
La crise économique mondiale, la nouvelle division internationale du travail, la stratégie des entreprises multinationales ont considérablement transformé, depuis une quinzaine d'années, la configuration des rapports entre les États du Sud et ceux du Nord, une transformation marquée, notamment par l'émergence des fameux NPI, les nouveaux pays industrialisés. Alain Lipietz s'attache ici à rendre compte de cette émergence, qu'il impute principalement à la mondialisation d'un système complexe de production et de consommation de masse : le fordisme. Utilisant les concepts (régulation, fordisme, valorisation, etc.), qu'il a définis dans ses précédents ouvrages, il critique les théories dominantes du sous-développement formulées depuis une trentaine d'années, incapables, à ses yeux, d'expliquer, par exemple, l'industrialisation de certains États du tiers monde. Incapables, également, de comprendre comment peuvent coexister un taylorisme primitif et un fordisme périphérique, comme d'analyser les mécanismes de ce système mondial qui produit et reproduit de tels paradoxes. Les relations entre les États du Nord et ceux du Sud ne sont pas de simples relations de dépendance et de domination. C'est de cette réalité complexe qu'entend rendre compte dans ce livre Alain Lipietz, en s'appuyant sur l'étude d'exemples précis - Brésil, États européens méditerranéens, etc. - et en démontant les mécanismes profonds des bouleversements survenus récemment dans les relations économiques internationales (crise monétaire, choc pétrolier, délocalisations industrielles partielles, etc.).
La modernité déferle sur notre monde, elle nous envahit pour notre salut ou pour notre infortune. Elle est devenue une référence presque obsessionnelle pour les hommes d'État du tiers monde, comme pour les dirigeants soviétiques ou chinois, pour les eurocrates, comme pour les chefs d'entreprise, pour les stratèges nucléaires, comme pour les théologiens, pour les gens de médias, comme pour les experts en ingénierie sociale, pour les vendeurs de lessive, comme pour les urbanistes. C'est ce moment planétaire que le présent essai tente d'analyser, en prolongeant la réflexion proposée il y a six ans dans De la modernité. La modernité-monde s'inscrit, et se met en scène, dans des lieux de modernité, des lieux dont l'image fortement symbolique ouvre ici chaque chapitre et introduit ses analyses : Hongkong et Beaubourg, les stades géants et la forêt amazonienne en feu. Notre modernité-monde est là et bien là. Il y a ceux qui aiment, ceux qui sont plutôt révulsés, ceux qui réfléchissent, ceux qui ne se résignent pas au grand lâchez-tout, ceux qui sont prêts à s'adapter avec réalisme, ceux qui s'acharnent à chercher une issue, une alternative... De la modernité, que faut-il avoir le courage de remettre en cause, ainsi notre gaspillage, notre profusion, nos privilèges face à la misère du monde ? Et que faut-il plutôt s'efforcer de maîtriser lucidement, notamment dans le domaine des innovations technologiques ? J'espère communiquer au lecteur ma conviction que la première question est au moins aussi importante que la seconde.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Elles sont filles de parents maghrébins immigrés en France. Leurs pères sont ouvriers, artisans, chômeurs ou retraités, l'un fut officier de gendarmerie. Elles sont nées à Nanterre, à Bobigny, Sartrouville, à Paris dans le vingtième, dans la banlieue nantaise ou à Roubaix et y ont grandi. Elles ont de dix-huit à vingt-sept ans, sont lycéennes, étudiantes, animatrice, secrétaires, restauratrice ou "au chômage". Quelques-unes ont un compagnon, l'une est mariée, une autre divorcée, la plupart sont célibataires. Toutes ont parlé sans réticence, contentes d'être écoutées par une auditrice attentive, française, ethnologue, spécialiste de la culture de leurs parents, ainsi à même de comprendre leurs difficiles et douloureux problèmes. En effet, elles sont partagées, parfois déchirées entre leurs aspirations personnelles de jeunes femmes en France et le désir, bien différent, de leurs parents, qui auraient voulu les voir devenir ces "femmes bien", modèle de femme maghrébine. Diverses ont été leurs conditions de vie, divers leurs rapports avec parents et frères, leurs connaissances de la religion, du Maghreb, leurs scolarités, leurs activités et relations éventuelles hors de la maison paternelle, leurs attitudes envers l'autre sexe, leurs propres désirs de famille et d'enfant, leurs problèmes d'identité et de nationalité, enfin, pour certaines d'entres elles déjà, leur participation à la vie active en France. A travers leurs discours sur toutes ces questions - une centaine d'heures d'entretiens -, sont analysées les conditions et les circonstances, les constantes et les variables susceptibles de freiner ou de favoriser leurs dispositions à l'intégration.
Pour la population juive de France pendant l'Occupation, il fallait, soit se conformer à une législation assassine, soit désobéir et courir les risques de la clandestinité. L'auteur est historien et fut animateur de la résistance juive communiste pendant la guerre.
Priorité à la lutte contre le chômage : d'un bout à l'autre de l'échiquier politique, tous les partis ont, aujourd'hui, fait leur ce mot d'ordre. Mais, s'agit-il vraiment d'autre chose que d'un simple slogan ? Pour en avoir le coeur net, Gérard Filoche propose dans ce livre une analyse critique des principales propositions pour l'emploi faites par les responsables politiques français. Il dresse ainsi un bilan édifiant des soixante mesures de la loi quinquennale pour l'emploi du gouvernement d'Édouard Balladur : pression accrue sur les emplois existants pour les flexibiliser et en diminuer les coûts, dérèglementation insidieuse du droit du travail... L'étude des programmes d'action de MM. Chirac, Séguin, Barre et Giscard d'Estaing n'est guère plus encourageante : au-delà des grands discours, ils réaffirment leur confiance dans les vertus du libéralisme, dont l'échec est pourtant avéré. Et si la gauche continue à refuser tout volontarisme, et à s'en tenir au traitement social du chômage, le résultat sera à peine meilleur. C'est donc pour une politique radicalement différente que plaide ici Gérard Filoche, de façon claire et argumentée : réduction massive du temps de travail, sans réduction du salaire direct, institution d'un Parlement social pour le contrôle des salaires différés que sont les cotisations sociales, aménagement du droit du travail pour s'adapter à cette nouvelle donne, mesures fiscales pour réduire les inégalités - 10 % de la population possède 54 % du patrimoine - et pour favoriser la relance en redistribuant du pouvoir d'achat.