Cet ouvrage ouvre un champ nouveau de l'histoire de la peinture : le détail, vu inopinément ou peu à peu découvert, identifié, isolé, découpé de son ensemble, met en question les catégories de l'histoire de l'art qui semblent avoir été établies « de loin ». En étudiant les différents statuts du détail, Daniel Arasse propose une autre histoire de la peinture : une histoire rapprochée des pratiques du pinceau et du regard.
La photographie n'existe pas seulement sous la forme d'images rangées dans les albums familiaux ou présentées dans les expositions. Elle est d'abord une pratique qui se passe d'images. Partant de ce constat, l'auteur s'intéresse ici aux gestes du photographe, professionnel ou amateur:regarder à travers un viseur, appuyer sur le bouton, développer une image, la commenter sont autant de façons de nous approprier nos diverses expériences du monde.Sur ce chemin, Serge Tisseron est conduit à remettre en cause quelques lieux communs. Non, la photographie n'est pas seulement nostalgie du passé. Elle est toujours partagée entre deux désirs opposés et complémentaires:l'un vise à arrêter le défilement du temps et à figer la représentation, l'autre anticipe et accompagne le mouvement du monde. Le premier est mélancolie, le second est bonheur.
À la Renaissance, la question de l'intimité du rapport entre les oeuvres et leurs auteurs ou commanditaires se pose de manière décisive : l'expression individuelle de l'artiste devient en effet, à cette époque, un facteur reconnu et apprécié dans la genèse et la forme des oeuvres d'art.
Le Sujet dans le tableau propose sept études de cas où un emploi analytique de l'iconographie permet de distinguer comment, en s'appropriant le sujet (manifeste) de son oeuvre par le trouble qu'il introduit dans son énoncé, l'artiste ou le commanditaire y marque sa présence comme celle du sujet (latent) de son énonciation. Qu'en a-t-il été de Michel-Ange et de son Moïse ? de Titien dans son Allégorie de la Prudence ? ou encore du prince Frédéric de Montefeltro dans le désordre du Studiolo d'Urbino ?
Cette édition richement illustrée permet d'apprécier en détail les traces les plus ténues de la personnalité de quelques génies artistiques de la Renaissance.
Des objets incongrus, des gestes excentriques, mais aussi des photographies, des vidéos et des peintures de facture traditionnelle, voilà ce qui constitue l'art contemporain. Quelquefois, ces oeuvres étonnent ou choquent. Elles suscitent en même temps la curiosité, au point de s'y perdre un peu. Aussi, pour qui s'aventure dans le monde de l'art, l'auteure de ce livre fournit des repères et suggère quelques pistes de réflexion. Depuis quand l'art «moderne» est-il devenu «contemporain» ? Pourquoi les artistes ont-ils voulu transformer le rapport des spectateurs avec les oeuvres ? Et quand les frontières avec la mode, l'architecture ou même des objets rituels deviennent floues, peut-on encore faire entrer cet art dans une définition ?Ce livre révèle en quoi l'art contemporain est avant tout un espace ouvert, une aire de liberté pour penser et agir différemment quand les idéologies et les systèmes philosophiques qui nous guident sont en crise.
Howard S Becker analyse la production de toute oeuvre d'art comme une action collective.
L'artiste est au centre d'une chaîne de coopération liant tous ceux qui, à des titres divers, concourent à l'existence de l'oeuvre. Il se réfère à des créateurs du passé ou de son temps ; il mobilise des fabricants de matériels, des collaborateurs, des intermédiaires diffusant l'oeuvre, des critiques, des théoriciens, des fonctionnaires pour soutenir ou censurer l'activité créatrice, des publics. Tous agissent sur la base de conventions communes qui s'incarnent dans des savoirs, des techniques, des habitudes de travail et des catégories de perception.
L'oeuvre apparaît ainsi dans le mouvement de sa genèse matérielle et cognitive : elle est empreinte des multiples décisions et interprétations qui font du " monde de l'art " tout entier son " auteur ".
Si Marx fascine tant les philosophes, c´est peut-être parce qu´il a si vigoureusement dénoncé l´illusion de « la philosophie », le « discours de la mauvaise abstraction », toujours idéaliste même sous des dehors matérialistes, et toujours stérile malgré sa grandiloquence.
Pourtant, à n´en pas douter, comme le montrent les cent textes rassemblés dans cette anthologie - pris dans les oeuvres de jeunesse et surtout dans Le Capital et ses brouillons -, l´oeuvre de Marx est d´une éclatante richesse philosophique. L´introduction de Lucien Sève revisite le corpus marxien et expose pour la première fois avec précision le réseau catégoriel d´ensemble qui constitue le fond de la « Logique du Capital » : essence, abstraction, universalité, objectivité, matière, forme, rapport, contradiction dialectique, histoire, liberté...
Outre l´introduction et les notes qui accompagnent chacun de ces textes, un index des concepts philosophiques détaillé contribue à faire de ce volume un précieux instrument de travail et de culture.
Cent textes choisis, traduits et présentés par Lucien Sève.
Écrits sur l'art Lettres à ses amis peintres - Barnett Newman, Robert Motherwell, Adolph Gottlieb -, récits de voyage en Europe, notamment à Paestum où Rothko affirme qu'il a « toujours peint des temples grecs sans le savoir », descriptions d'étés en famille dans les campus américains où il donne cours, cahiers de notes dans lesquels Rothko parle de l'importance du surréalisme, de Picasso ou de Miró, confessions amères sur le règne des marchands et des critiques d'art, manifestes et réponses à des conservateurs et à des critiques, ces Écrits sur l'art rassemblent les textes de Mark Rothko depuis ses débuts, en 1934, jusqu'en 1969, un an avant son suicide. Confiés à des musées américains ou conservés par ses enfants, ces écrits étaient jusqu'alors inédits. Ils nous révèlent l'ambition de l'un des plus grands peintres du XXe siècle : « Les tableaux doivent être miraculeux : à l'instant où l'un est achevé, l'intimité entre la création et le créateur est finie. Ce dernier est un étranger. Le tableau doit être pour lui, comme pour quiconque en fait l'expérience plus tard, la résolution inattendue et sans précédent d'un besoin éternellement familier. »
«Des mots dans la peinture occidentale ? Dès qu'on a posé la question, on s'aperçoit qu'ils y sont innombrables, mais qu'on ne les a pour ainsi dire pas étudiés. Intéressant aveuglement, car la présence de ces mots ruine en effet le mur fondamental édifié par notre enseignement entre les lettres et les arts. Toute notre expérience de la peinture comporte en fait une considérable partie verbale. Nous ne voyons jamais les tableaux seuls, notre vision n'est jamais pure vision. Nous entendons parler des oeuvres, nous lisons de la critique d'art, notre regard est tout entouré, tout préparé par un halo de commentaires.Ce n'est pas seulement la situation culturelle de l'oeuvre, mais tout le contexte dans lequel elle se présente à nous qui est transformé par le titre : la signification de cette organisation de formes et couleurs change tout au long de la compréhension parfois fort progressive de ces quelques mots. La composition la plus abstraite peut exiger que nous lisions son titre pour nous déployer toutes ses saveurs, toutes ses vertus.»Michel Butor.
L'histoire des mouvements artistiques apparus en France depuis les années 1960, accompagnée d'une analyse de leurs caractéristiques. R. Leydier a rédigé le dernier chapitre, consacré au triomphe de l'art contemporain.
Le tableau dans le tableau réunit deux des plus importants textes d'André Chastel publiés dans le célèbre Fables, Formes, Figures.
Le tableau dans le tableau et La figure dans l'encadrement de la porte chez Vélasquez s'interrogent sur la présence de ce cadre qui délimite aussi bien l'existence d'une oeuvre, que la présence d'un être, à travers l'histoire de l'art.
André Chastel nous invite à une véritable enquête, qui s'ouvre au XVe siècle et se termine au XXe siècle avec Braque.
Pourquoi les artistes jouent-ils avec cet élément ? Qu'elle est sa fonction ?
Rembrandt, Vermeer, Vélazquez ou Magritte ont intégré ce cadre dans leurs compositions et ont révolutionné la peinture.
A partir de ce « motif », André Chastel nous livre une analyse passionnante et une nouvelle manière de regarder la peinture.
Le livre est composé de 27 illustrations, dont un cahier couleur, qui permettent de mieux apprécier les oeuvres analysées.
Avec L'Origine de la perspective, Hubert Damisch n'a pas pour projet d'écrire une histoire de la perspective, mais plutôt, pour reprendre le titre de Machiavel, une suite d' " histoires perspectives ". Des histoires, dans leur variété, leur multiplicité, leur différence, qui auront trait précisément à la prétention qui fut alors celle de la peinture, à une manière nouvelle de vérité. Du dispositif de Brunelleschi aux Ménines de Velázquez, l'histoire de la perspective, constituée au Quattrocento, se révèle plurielle, à l'opposé d'un récit linéaire et évolutionniste.
Hubert Damish livre un essai passionnant, dans lequel la géométrie rencontre le théâtre et où la psychanalyse en appelle à la peinture, pour définir cette essentielle ligne d'horizon.
Dès les débuts du XXesiècle, de nombreux artistes délaissent le territoire de l'idéalisme, rejettent en bloc les formes traditionnelles de représentation et désertent les lieux institutionnels pour s'immerger dans l'ordre des choses concrètes. La réalité devient une préoccupation première, avec, pour conséquence, une refonte du «monde de l'art», de la galerie au musée, du marché au concept d'art lui-même. Émergent alors des pratiques et des formes artistiques inédites:art d'intervention et art engagé de caractère activiste, art investissant l'espace urbain ou le paysage, esthétiques participatives ou actives dans les champs de l'économie, des médias, ou du spectacle. L'artiste devient un acteur social impliqué, souvent perturbateur. Quant à l'oeuvre d'art, elle adopte un tour résolument neuf, problématique, plus que jamais en relation avec le monde tel qu'il va. Elle en appelle à la mise en valeur de la réalité brute, au «contexte» justement. L'art devient contextuel. C'est de cette inflexion, caractéristique de l'art moderne puis contemporain, que nous entretient l'auteur en livrant la première synthèse sur le sujet. Il privilégie les exemples concrets mais aussi les questions que ces pratiques ne manquent pas de soulever.
Une histoire de l'art moderne et contemporain à travers l'étude de la présence de l'idiotie (l'invention du rire, la fantaisie, l'inconscience) dans les arts plastiques, le cinéma, la musique et la littérature
Les couleurs ne sont pas la réalité des corps, elles ne sont pas la vie, ni exactement une loi de la Nature; elles sont le reflet d'une abstraction de la Nature, l'artifice dans le naturel, c'est-à-dire des figures... En fait, le domaine de la couleur recouvre une aire partagée entre l'art et la science, entre le physique et la psychologie, un terrain qui mesure les limites des deux cultures, pour brouiller la clarté de leurs idées, un terrain d'approche facile mais que n'atteignent jamais les méthodes analytiques et expérimentales.
« L'art brut, c'est l'art brut et tout le monde a très bien compris. Pas tout à fait très bien ? », écrivait Jean Dubuffet en 1947. Le peintre ne croyait pas si bien dire : soixante-dix ans plus tard, son concept continue de faire problème. Mais n'est-ce pas la visée même d'un concept, et la preuve de son efficacité pérenne ?
C'est l'histoire de ce concept que révèle le présent ouvrage, démontrant que l'art brut ne se réduit pas à un label à apposer sur des productions artistiques dues à des internés asilaires, à des adeptes du spiritisme et autres autodidactes. Si l'art brut a permis de donner le statut d'oeuvres d'art à des objets considérés comme marginaux dans le champ de l'art, il condense avant tout la volonté de penser l'art autrement.
L'art brut puise son sens au coeur de la foisonnante production écrite de Jean Dubuffet. C'est dans la faille de la parole du fou, de l'exclu, de l'inculte que s'invente le discours sur l'art radicalement subjectif de l'artiste. Et ce que l'art brut révèle, au-delà d'une théorie de l'art aux allures de fiction, c'est Dubuffet l'écrivain.
Décrit la situation de l'art contemporain en France, ses institutions culturelles, l'action de l'Etat dans le secteur des arts plastiques, et démonte les mécanismes économiques et sociaux de construction de la valeur de l'art.
« Les nouveaux vécus temporels urbains, notamment avec l'hyperconnexion, aboutissent à la quasi-suppression, voire à une allergie collective aux temps morts. Avec la 5G, l'instantanéité de la transmission de l'information va concurrencer la vitesse de nos propres synapses, voire les parasiter - tout en bouleversant les équilibres géopolitiques. Une sorte d'impatience fébrile s'est fait jour, un mélange de tension dû au désir d'absorber les informations, et une exaspération, voire une fatigue face au trop-plein, un véritable débordement cognitif. Tout cela impacte fortement les pratiques et les imaginaires des artistes, comme les pratiques culturelles elles-mêmes et la manière d'appréhender les oeuvres. »
Depuis les années 1990 sont apparues de nouvelles formes artistiques, toutes fondées sur l'usage des technologies numériques : images de synthèse, dispositifs interactifs, multi et hypermédia, art en réseau... Ce phénomène gagne les arts contemporains en général, et la photo, le cinéma, la vidéo, les spectacles vivants recourent de plus en plus à ces technologies, se revivifient et se transforment à leur contact. Les auteurs de cet ouvrage retracent l'histoire de l'art numérique, en dressent un panorama mondial et en relèvent les nouvelles tendances. Ils analysent aussi les raisons qui l'ont maintenu à l'écart du champ artistique « officiel » et soulignent ce qui fait rupture et continuité avec les objets, les fonctions, les supports et les territoires antérieurs de l'art. En quoi l'art numérique est-il l'art de l'hybridation par excellence ? Quels bouleversements profonds les technologies numériques introduisent-elles dans les modes de production, de diffusion et de conservation des oeuvres, dans le marché de l'art, et dans le rapport souterrain mais crucial qui s'instaure désormais entre l'art et la science ? Comment envisager les rapports entre l'art, la culture et la technologie à l'âge des industries numériques mondialisées ?
Sont rassemblés ici divers écrits que Robert Desnos a consacrés aux peintres, de 1922 à 1944.
A travers ces textes de fantaisie plus que de théorie se marquent des choix qui évoluent avec le temps. C'est d'abord le surréalisme dans les années 20, avec des variations sur la signature de Marcel Duchamp, un éloge de la vie inventive de Picabia, une traversée du surréel devenu réel par la grâce de Max Ernst, Man Ray et quelques autres. Les textes des années 30 sont essentiellement centrés sur des peintres que notre époque redécouvre : Per Krohg, Tihanyi, Papazoff.
Enfin, à partir de 1940, les oeuvres de Labisse et de Picasso deviennent les références essentielles pour Desnos. Desnos fut aussi dessinateur et peintre à ses heures : les divers dessins qui ornent ce recueil en témoignent.
«La vie est une ligne, la pensée est une ligne, l'action est une ligne. Tout est ligne. La ligne conjugue deux points. Le point est un instant, la ligne commence et finit en deux instants.» Les lignes sont pour l'architecte comme les couleurs pour le peintre et les images pour le sculpteur. Chaque ligne est une vision de l'espace et du monde. C'est à partir de ce postulat que se construit la réflexion de Brusatin, avec cette Histoire de la ligne, qui au travers d'exemples choisis tout au long de l'histoire du dessin, aide le lecteur à pénétrer les mécanismes les plus intrinsèques du trait.
La constitution des valeurs artistiques s'effectue à l'articulation du champ artistique et du marché. Dans le champ artistique s'opèrent et se révisent les évaluations esthétiques ; dans le marché se réalisent les transactions et s'élaborent les prix. Alors qu'ils ont chacun leur propre système de fixation des valeurs, ces deux réseaux entretiennent des relations d'étroite interdépendance. Face aux transformations économiques et artistiques à l'oeuvre depuis la fin du XXe siècle, les marchés de l'art classé - ancien et moderne - et le marché de l'art contemporain doivent relever de nouveaux défis. Quels effets la mondialisation des échanges et des réseaux a-t-elle sur le marché de l'art ? Quels effets exercent les nouveaux supports impliquant la démultiplication et la dématérialisation des oeuvres ?