Qu'elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ?
Ce livre en explore trois et examine ce qu'il en reste aujourd'hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante - puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant - puisque l'époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée - devenue, et restée depuis, un objet d'horreur. Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s'est développé alors tant à l'égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.
Nombre de femmes et d'hommes qui cherchent l'épanouissement amoureux ensemble se retrouvent très démunis face au troisième protagoniste qui s'invite dans leur salon ou dans leur lit : le patriarcat. Sur une question qui hante les féministes depuis des décennies et qui revient aujourd'hui au premier plan de leurs préoccupations, celle de l'amour hétérosexuel, ce livre propose une série d'éclairages.
Au coeur de nos comédies romantiques, de nos représentations du couple idéal, est souvent encodée une forme d'infériorité féminine, suggérant que les femmes devraient choisir entre la pleine expression d'elles-mêmes et le bonheur amoureux. Le conditionnement social, qui persuade les hommes que tout leur est dû, tout en valorisant chez les femmes l'abnégation et le dévouement, et en minant leur confiance en elles, produit des déséquilibres de pouvoir qui peuvent culminer en violences physiques et psychologiques. Même l'attitude que chacun est poussé à adopter à l'égard de l'amour, les femmes apprenant à le (sur ?) valoriser et les hommes à lui refuser une place centrale dans leur vie, prépare des relations qui ne peuvent qu'être malheureuses. Sur le plan sexuel, enfin, les fantasmes masculins continuent de saturer l'espace du désir : comment les femmes peuvent-elles retrouver un regard et une voix ?
Autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou.
" Je suis le fils d'un salopard qui m'aimait. Mon père était un marchand de meubles qui récupéra les biens des Juifs déportés. Mot par mot, il m'a fallu démonter cette duperie que fut mon éducation. À vingt-huit ans, j'ai connu une première crise de délire, puis d'autres. L'enfance et la folie sont à mes trousses. Longtemps je n'ai été qu'une somme de questions. Aujourd'hui, j'ai soixante-trois ans, je ne suis pas un sage, je ne suis pas guéri, je suis peintre. Et je crois pouvoir transmettre ce que j'ai compris. " Un autoportrait bouleversant traversé par l'antisémitisme, les secrets de famille, l'art, la folie et l'amour.
Paris, 1937. Jean Cocteau, artiste génial, connu et reconnu, fait la rencontre d'un jeune aspirant comédien, Jean Marais. Souent réduite, avec un brin de condescendance, à une relation de pygmalion et de muse, la relation des deux hommes s'avère bien plus profonde.
Face à la guerre qui menace puis éclate, Cocteau refuse « de se laisser distraire à aucun prix des choses sérieuses par la frivolité dramatique de la guerre ». Ce n'est alors pas l'intellectuel privilégié qui fait le choix de l'engagnement mais le jeune premier qui réagit avec ses tripes, son courage et son intelligence...
Le rôle de Francis Picabia (1879-1953) fut crucial dans l'histoire de la peinture, et au-delà. C'était un artiste protéiforme, inclassable, cherchant à fuir les positions arrêtées, les modèles établis, toute école, tout dogme. Il fut poète et écrivain comme il fut peintre, c'est-à-dire entièrement, librement, et éprouvant pour ses deux activités majeures la même attraction mêlée de rejet. Car Picabia abhorrait toute forme d'étiquette, de posture, de reconnaissance et ne voyait de meilleure définition de lui-même que son nom (« Je suis Picabia et c'est mon infirmité. »).
Cet héritier, fils de famille bourgeoise aisée et cosmopolite, était un excentrique et un révolté. Provocateur aux goûts de luxe, il fut, toute sa vie, secoué par les contradictions. Un génie charismatique à la puissance créative intarissable. Un inlassable amoureux de la vie, passionné de vitesse (collectionnant les automobiles), affamé de fête et de festins (usant d'alcool et de drogues), recherchant les complicités intellectuelles comme les réjouissances amicales. Mais aussi un dépressif à la vie psychique perturbée, traversant de longues périodes d'abattement, de fuites, de désertions.
Séducteur recherchant l'appui de femmes fortes, il eut une vie amoureuse agitée, et marquée par de grandes expériences. Aucune ne fut comparable à celle qu'il vécut avec sa première femme, Gabriële Buffet. Car ensemble ils bouleversèrent l'histoire de l'art.
Quand ils se rencontrent en 1908, Picabia a trente ans. Il éprouve un coup de foudre pour cette musicienne âgée de trois ans de moins que lui, cette jeune femme supérieurement intelligente (au « cerveau érotique » dit-il), issue d'une famille d'intellectuels. Elève de Vincent d'Indy, de Busoni, amie du jeune Varèse, Gabriële est une audacieuse, passionnée de théorie, tournée vers la modernité et l'esprit d'un temps marqué par les découvertes scientifiques, mais elle ne s'intéresse pas particulièrement à la peinture. C'est en elle pourtant que Picabia, aspirant au changement, mais encore peintre impressionniste (à succès), trouvera l'interlocutrice idéale, celle qui lui permettra de se libérer des conventions, d'opérer sa mue artistique et de devenir bientôt l'auteur de la première toile considérée comme abstraite (Caoutchouc, 1909). D'emblée, leur rencontre se place sous le signe de l'art. Picabia se cherche. Gabriële envisage le pictural sous l'angle musical, comme une pure création de l'esprit, éloignée de toute représentation figurative. « La peinture ne sera jamais plus ce qu'elle avait été », dira Gabriële. Notre « conversation, continue-t-elle, commencée dans un garage s'est poursuivie pendant des jours... des mois, je puis dire jusque sa mort, malgré les séparations, les ruptures de contact et d'idées ».
Picabia et Gabriële vivront ensemble près de quinze ans et ils auront quatre enfants avant de divorcer en 1931. Mais le lien ne s'interrompra jamais. Comme écrivain, Picabia est déjà l'auteur d'une oeuvre importante. Pourtant sa correspondance avec Gabriële, inédite et révélée aujourd'hui avec de nombreux poèmes également inédits, est peut-être le meilleur témoin des pensées et des états d'âme de l'homme, des convictions et des doutes de l'artiste. Au fil des lettres, étalées sur des dizaines d'années, Picabia, parle de son métier et de ses projets, de considérations esthétiques et de mouvements (au rang desquels DADA), des autres peintres (jeunes et moins jeunes, on y croise notamment Picasso, sévèrement étrillé). Mais c'est une manière de vivre plus qu'un programme artistique que Picabia semble vraiment chercher à définir. Dans ces pages, il évoque Dieu, l'amour, la guerre, le communisme, la politique coloniale. Sans jamais renoncer à la drôlerie ni à l'ironie, il se fait volontiers moraliste et multiplie les aphorismes, les traits saillants, dans l'esprit de son modèle en littérature et en philosophie, Nietzsche. Et partout, il laisse éclater son fulgurant talent de poète. Car ici, la plus étonnante poésie, amoureuse, métaphysique, sensorielle, onirique, n'est pas seulement présente dans les poèmes. Dans les lettres, Picabia passe régulièrement de considérations « ordinaires » (sur les déplacements, l'entourage, l'organisation, ou le temps qu'il fait) à la plus extrême profondeur, se rendant absolument transparent, lui et sa vision. Quoi de plus naturel que de se livrer ainsi, et de laisser voir tout « ce qu'il y a dans [son] cerveau » à celle qui fut son inspiratrice, et qui toujours le subjugua par son esprit.
Musées de beaux-arts, musées d'histoire ou d'archéologie, musées de sciences, ou de techniques, musées d'histoire naturelle ou d'ethnologie : il s'en créée tous les jours à travers le monde ! Mais pourquoi va-ton dans les musées ? Qu'allons-nous y chercher ? Pourquoi les musées sont-ils aussi présents dans notre imaginaire ? En nous entraînant dans les coulisses des musées, ce Dictionnaire Amoureux fait partager la passion de l'auteure pour ces lieux fascinants et indispensables qui ont su se moderniser, se réinventer pour toucher toujours plus de publics. A travers mille anecdotes, on y flâne d'un continent à l'autre, du Louvre au musée Edo-Tokyo, du Louvre Abu Dhabi au British Museum, de l'Ermitage à la glyptothèque de Copenhague. On y découvre des musées insolites ou inconnus, des musées-ateliers, des maisons d'artistes. Champollion y côtoie Beyoncé, Tintin ou Dark Vador. On y rencontre des artistes torturés, des collectionneurs un peu fous, des architectes inspirés et des conservateurs hors du temps. On y entrevoit les coulisses des acquisitions, des restaurations, des réserves de musée, sans oublier celles des vols célèbres ou des faux. Confrontés aujourd'hui à de nouveaux défis, comme les enjeux de marque, de diversité, de développement durable, de post-colonialisme, ou de numérique, les musées nous interrogent sur notre rapport aux objets, mais aussi au passé, à la mémoire, et à la transmission. Promenade sensible à travers le monde, ce Dictionnaire amoureux ouvre la réflexion sur ce que notre monde veut transmettre aux générations futures.
Un portrait de 1000 ans d'art européen par l'un des plus grands historiens de l'art du XXe siècle.
Dans ce livre, l'un des plus grands esprits du XXe siècle dresse le portrait inégalé d'un millénaire de beauté européenne. De l'architecture à l'ingénierie, de la peinture à la musique, de la poésie à la philosophie, de l'Écosse à la Sicile, de la France aux Pays-Bas, de l'Italie à l'Allemagne, Kenneth Clark écrit le livre de l'admiration et de l'enthousiasme. II y démontre que la civilisation vit tant qu'elle ajoute à notre humanité et notre dignité.
Une référence inégalée et définitive.
« Ma passion pour le début du XXe siècle s'est éveillée très jeune en écoutant Debussy et Duke Ellington, en regardant Claude Monet et Raoul Dufy, en lisant Alphonse Allais et Maurice Leblanc, puis Apollinaire et les surréalistes...
C'est donc tout naturellement que je me suis plongé dans ce dictionnaire où j'ai voulu souligner la continuité entre Belle Époque et Années folles, telles deux « mi-temps » séparées par le gouffre terrible de la grande guerre. Malgré tout ce qui les oppose, les années 1920 seront, par maints aspects, l'accomplissement de cet esprit moderne qui germait en 1900. On y retrouve souvent les mêmes protagonistes à deux âges de leur vie, tels Guitry, Colette, Ravel, Stravinski, Picasso...
Face à un sujet immense, j'ai privilégié la France comme théâtre emblématique de ce temps où Paris fut le coeur battant du monde artistique. Sans négliger pour autant les riches échanges qui se développèrent avec New York, Vienne, Londres, où se produisaient des évolutions comparables, j'ai tenu à remettre à l'honneur une certaine légèreté française. Enfin, même si la civilisation toute entière est présente avec ses hommes politiques, ses scientifiques, ses expositions universelles ou ses villégiatures, ce sont d'abord les arts qui figurent au coeur de ce panorama : poésie, théâtre, peinture, une place privilégiée revenant par goût personnel à la musique.
Portraits, bons mots, petite et grande histoire se mêlent dans ces pages consacrées à des personnages, mais aussi à des lieux comme le Moulin Rouge et le Chat Noir, à des genres oubliés comme le café-concert, sans oublier les décors des brasseries, gares et jardins publics... Tout ce qui fait que la Belle Époque et les Années Folles sont toujours parmi nous et continuent à faire rêver aux quatre coins du monde. »
Lors du premier confinement, alors qu'elle manque de matériel pour pratiquer ses activités artistiques, Lucie Broisin Schoch prend conscience qu'elle utilisait jusqu'alors des produits toxiques, et qui parfois provenaient du bout du monde. Nécessité fait loi : elle observe autour d'elle et s'aperçoit que la nature regorge de matières et de couleurs qui peuvent être utiles. Dès lors, elle se passionne pour la fabrication de son propre matériel d'art plastique à partir des ressources de la nature.
Dans ce guide, elle propose au lecteur de devenir autonome dans la fabrication de ses médiums d'art plastique préférés, d'apprendre à récolter en accord avec la plante et son milieu, et de renouer avec les techniques d'antan pour élaborer aquarelles, pinceaux, fusains, pastels, encres végétales, papier recyclé et boîtes de rangements : c'est beau et écologique !
Alors qu'il faudrait toute une vie pour maîtriser chacune de ces techniques, Klein a produit une oeuvre transversale dans laquelle chaque médium fait écho à un autre. Considéré comme l'un des grands créateurs d'images du xxe siècle, il a développé une oeuvre protéiforme, qui a profondément influencé de nombreux artistes, tant photographes que cinéastes.
William Klein - Yes, publié à l'occasion de sa grande exposition rétrospective à l'International Center of Photography (ICP), à New York, retrace la carrière de l'artiste dans un livre référence : près de 400 pages et environ 250 images permettent de découvrir ou de redécouvrir le travail photographique et cinématographique, mais également l'oeuvre picturale, à la base de sa pratique. À ce titre, la publication s'ouvre sur ses premières peintures, avant de dérouler, de manière chronologique, ses différentes séries : des plus célèbres comme les photos de rue de New York ou Tokyo, en passant, entre autres, par Paris, Rome, ou Moscou, jusqu'à ses oeuvres plus récentes et ses films. Ultime ouvrage monographique, William Klein - Yes est complété d'un long essai de David Campany, directeur de l'ICP et commissaire d'exposition de renommée internationale. Campany évoque le parcours de Klein, comment il est devenu l'artiste qu'il est aujourd'hui. Cette introduction est richement illustrée de documents qui viennent éclairer la relecture de l'oeuvre. À l'instar de toutes ses publications, cet ouvrage, à la mise en pages très graphique, a été conçu en étroite collaboration avec Klein.
En 1685, le Code noir défendait « aux esclaves de porter aucune arme offensive ni de gros bâtons » sous peine de fouet. Au XIXe siècle, en Algérie, l'État colonial interdisait les armes aux indigènes, tout en accordant aux colons le droit de s'armer. Aujourd'hui, certaines vies comptent si peu que l'on peut tirer dans le dos d'un adolescent noir au prétexte qu'il était « menaçant ».
Une ligne de partage oppose historiquement les corps « dignes d'être défendus » à ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables, sont laissés sans défense. Ce « désarmement » organisé des subalternes pose directement, pour tout élan de libération, la question du recours à la violence pour sa propre défense.
Des résistances esclaves au ju-jitsu des suffragistes, de l'insurrection du ghetto de Varsovie aux Black Panthers ou aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie de l'autodéfense politique. Sous l'histoire officielle de la légitime défense affleurent des « éthiques martiales de soi », pratiques ensevelies où le fait de se défendre en attaquant apparaît comme la condition de possibilité de sa survie comme de son devenir politique. Cette histoire de la violence éclaire la définition même de la subjectivité moderne, telle qu'elle est pensée dans et par les politiques de sécurité contemporaines, et implique une relecture critique de la philosophie politique, où Hobbes et Locke côtoient Frantz Fanon, Michel Foucault, Malcolm X, June Jordan ou Judith Butler.
« En octobre 2015, alors que j'assistais à une rétrospective artistique majeure à Londres, j'eus une révélation. En regardant autour de moi, je réalisai qu'aucune oeuvre d'une femme artiste n'était exposée. Me vint alors cette question : pouvais-je nommer vingt noms de femmes artistes sans y réfléchir ? La réponse était non. Avais-je exclusivement étudié l'histoire de l'art à travers un prisme masculin ? La réponse était oui. » Combien de femmes artistes connaissez-vous ? Qui « fait » l'histoire de l'art ? Est-ce que les femmes étaient reconnues en tant qu'artistes avant le xxe siècle ? Qu'est-ce que le baroque au bout du compte ?
Découvrez la flamboyante Sofonisba Anguissola à la Renaissance, l'oeuvre radicale de l'Américaine Harriet Powers au xixe siècle et l'artiste qui a réellement inité le mouvement du ready-made incarné par Marcel Duchamp. Explorez l'âge d'or néerlandais, le travail étonnant des artistes d'après-guerre en Amérique latine, et les femmes qui ont impulsé l'art en 2020.
Des Cornouailles jusqu'à Manhattan en passant par le Nigeria et le Japon, voici l'histoire de l'art comme elle n'a jamais été racontée auparavant. Suivant un ordre chronologique mais sans adopter la grille de lecture occidentale des mouvements artistiques et événements politiques, L'Histoire de l'art sans les hommes redéfinit les canons traditionnels en mettant en lumière l'oeuvre d'artistes exceptionnelles qui ont repoussé les frontières et osé défier une pratique artistique dominée par les hommes.
En 1818, Joseph Jacotot, révolutionnaire exilé et lecteur de littérature française à l'université de Louvain, commença à semer la panique dans l'Europe savante. Non content d'avoir appris le français à des étudiants flamands sans leur donner aucune leçon, il se mit à enseigner ce qu'il ignorait et à proclamer le mot d'ordre de l'émancipation intellectuelle : tous les hommes ont une égale intelligence. Il ne s'agit pas de pédagogie amusante, mais de philosophie et de politique. Jacques Rancière offre, à travers la biographie de ce personnage étonnant, une réflexion philosophique originale sur l'éducation. La grande leçon de Jacotot est que l'instruction est comme la liberté : elle ne se donne pas, elle se prend.
Les Certitudes du doute est le récit de la relation passionnelle que Goliarda Sapienza eut, au début des années 1980, avec une jeune femme révolutionnaire rencontrée en prison. Ensemble, elles vont parcourir une Rome secrète et chancelante, prise entre le poids de son histoire et la désolation de la modernité marchande.
Les Certitudes du doute dévoile aux lecteurs une autre facette de Goliarda Sapienza, celle d'une femme éprise, qui fait des rues et des sous-sols romains le théâtre de ses émotions. Après Moi, Jean Gabin, qui narrait son enfance en Sicile, et L'Université de Rebbibia, récit de son séjour carcéral dans la prison de Rome, ce nouveau récit clôt le cycle que Goliarda Sapienza avait intitulé Autobiographie des contradictions.
Le texte témoigne une nouvelle fois de la quête incessante de vérité de Goliarda Sapienza, de son désir permanent de questionner sa vie et le monde qui l'entoure. Ancrée dans son siècle autant que farouchement décidée à échapper aux embrigadements de toutes sortes, elle nous donne une nouvelle leçon de vie.
« L'art de Tamara de Lempicka me fascine depuis l'adolescence. Je ne savais rien du tumulte de sa vie ni de l'ampleur de son ambition. Qui était-elle ? Où vivait-elle ? Comment est-elle devenue cette artiste extraordinaire ?
Ce livre est mon voyage dans son monde intime, où j'ai exploré ses secrets et ses desseins, au rythme du palpitant Paris des années vingt. Avec mes mots, j'ai raconté son histoire, tandis que ma fille Charlotte l'évoque à travers sa photographie et revisite la flamboyante légende de la reine suprême de l'Art déco.
Un projet mère-fille, inspiré par une femme hors du commun. » Tatiana de Rosnay.
Marc Petitjean éclaire d'un jour nouveau l'unique séjour parisien de Frida Kahlo, artiste engagée, anticonformiste, bisexuelle, redécouverte par les féministes aux États-Unis et en Europe dans les années 1980.
Qui était ce singulier Michel Petitjean qu'elle a aimé ? Quelle a été leur histoire, en compagnie d'André Breton, Pablo Picasso, Dora Maar et Marcel Duchamp ? Et pourquoi lui a-t-elle offert ce tableau, Le Coeur, énigmatique et si intime ?
La force de cette relation, à l'image de Frida Kahlo, traverse tout le livre comme un mystérieux trait de lumière.
Au milieu de son jardin et des quatre pavillons de thé qui bordent l'étang central, édifiée au XVIIe siècle par le prince Toshihito, sur le bord de la rivière qui baigne Kyoto, Katsura demeure l'image même du raffinement. Lieu idéal, dit-on, d'où l'on peut contempler la lune...
La réinterprétation de cette architecture si particulière par les architectes du mouvement moderne, au début du XXe siècle, a engendré nombre de quiproquos.
Il faut aujourd'hui le talent et la sensibilité de Philippe Bonnin pour nous faire entrer dans la vérité d'une oeuvre mythique, et éclairer l'énigme.
Dans l'Allemagne exsangue et tumultueuse des années vingt, le Bauhaus est plus qu'une école d'art. C'est une promesse.
Au sein du grand bâtiment de verre et d'acier, Clara, Holger et Théo vont partager l'aventure intense et créative de la modernité. Les femmes y cherchent leur place. Des liens se tissent. Amitié, amour... Entre rêves d'Amérique et certitudes de Russie, les futurs se dessinent.
Bientôt, à Berlin, le temps s'assombrit. Lorsqu'à son tour l'école est prise dans les vents contraires de l'Histoire, les étudiants doivent faire leurs propres choix. Mais les convictions artistiques ou politiques ne sont pas les seuls facteurs qui décident du cours d'une vie.
À qui, à quoi rester fidèle, lorsqu'il faut continuer ?
Les oeuvres d'Ernest Pignon-Ernest ne naissent vraiment qu'en ville, lorsqu'elles s'y fondent, lorsqu'elles font corps avec les murs sur lesquels elles sont collées. Elles se développent, travaillées par le temps, les intempéries, la pollution urbaine, les graffitis, les taches, les déchirures qui, aussi improbable que cela puisse paraître, les retouchent, les reformulent, les explorent comme si elles n'avaient jamais quitté l'atelier du peintre. Affiché sur un mur de Naples, le portrait de Pasolini portant son cadavre requiert celles et ceux qui le regardent et qui, parfois, s'approchent si près qu'ils se plaquent contre lui pour s'en imprimer ; pour l'absorber corps contre corps, comme une étreinte amoureuse ou mortelle.
C'est un art de combat.
Ernest Pignon-Ernest est un rebelle.
Le travail de l'artiste Johanna Hoffbeck s'inscrit dans l'engouement actuel pour un art écologique, qui suscite un intérêt grandissant. Ce mouvement a été mis à l'honneur au Palais de Tokyo en 2022 avec l'exposition « Réclamer la terre » qui questionne notre position en tant qu'être humain dans le monde et explore de nouvelles manières d'entrer en relation avec le vivant.
Dans son livre, Johanna invite elle aussi à se connecter à soi et à la nature par diverses réalisations à la portée de tous : fabriquer son papier, ses carnets, faire germer des graines, teindre avec les plantes, faire des bombes à graines, etc. Parce que Johanna a mené pendant de longues années, et sur plusieurs continents, un travail artistique sur le bonheur, elle nous invite à associer à ces pratiques artistiques des moments suspendus du quotidien, qui nous rendent heureux, des petits bonheurs simples et souvent partagés, comme l'odeur d'une délicieuse confiture de grand-mère ou la préparation d'un thé pour des amis chers.
Un livre doux et puissant qui mêle art, nature et spiritualité. De quoi trouver le goût de créer et de savourer la vie !
Mexique, 1925. Frida veut devenir médecin, malheureusement un tragique accident de bus à l'âge de 18 ans l'en empêche. Alitée, avec pour seule compagnie un miroir accroché au baldaquin de son lit, elle commence alors à peindre, en autodidacte. Trois ans plus tard, elle tombe amoureuse du peintre Diego Rivera : c'est le début d'une relation passionnée. Que ses tableaux soient couronnés de succès ou qu'elle doive surmonter des obstacles, Frida choisit en permanence la vie. Cependant, elle sera bientôt confrontée à une décision qui pourrait remettre en question tout ce à quoi elle croyait jusqu'à présent.
Une biographie romancée mettant à l'honneur une femme inoubliable qui a toujours combattu pour sa liberté.
Les femmes sont omniprésentes dans l'histoire de l'art occidental. Généralement dans des attitudes stéréotypées, elles endossent une multitude de rôles en étant souvent... dénudées. Un sein (voire deux) qui se fait la malle hors d'un corsage, une paire de fesses bien rondes, une cambrure improbable... On peut dire que les hommes se sont fait plaisir !
Hommes, oui, car jusqu'à la première moitié du XXe siècle, ce sont eux qui dominent le monde de l'art, imposant leurs canons esthétiques. Et si leurs oeuvres s'inscrivent dans un certain contexte socioculturel, leur art a néanmoins contribué à bâtir une image de « la femme » conforme à la société patriarcale et à véhiculer des préjugés qui, encore aujourd'hui, ont la peau dure. En effet, que la gent féminine y soit fantasmée (proportions idéales, mère parfaite, « beauté exotique »), associée au mal (sorcière, femme fatale ou monstrueuse, hystérique ou syphilitique) ou victimisée (agressée, violée, assassinée), peintures et sculptures ont longtemps été un miroir grossissant du sexisme et de la misogynie en Occident.
Dans cet ouvrage richement illustré, Ludivine Gaillard s'appuie sur les mythes et leurs mises en image pour révéler la domination masculine dans l'histoire de l'art occidental à travers les siècles. Avec un ton décalé, mais une plume toujours documentée !
Yannick Le Marec poursuit avec Le Grand Pillage sa réflexion sur le récit colonial (dans la continuité de la Constellation du tigre qui relate notre rapport aux animaux sauvages) ; il interroge cette fois notre relation au lointain où la guerre, l'art et la littérature sont parfois intimement liés.
Pour ce faire, il suit deux écrivains militaires qui ont accompagné la marche impériale de leurs récits ou de leurs correspondances : Pierre Loti et Victor Segalen.
C'est par Pierre Loti que s'affine notre connaissance des pillages du XIXe siècle, à l'île de Pâques, au Tonkin ou à Pékin en 1900 pendant la guerre des Boxers. L'objet pillé est d'abord un trophée avant de prendre le statut d'oeuvre d'art.
À travers les lettres quasi quotidiennes de Segalen à sa femme Yvonne, ou ses photographies, on se retrouve dans les mers du sud ou en Chine - entre chevauchées et rencontres, grands paysages et imaginaire. Mais Segalen, médecin humaniste, tente d'échapper au quotidien et au local, feignant d'ignorer qu'il marche dans les pas de ses gens, souvent irrité de devoir faire allégeance aux autorités - attentif à tout. Il est à la fois poète et le représentant d'un Occident impérial et hautain, capable lui aussi, malgré tout, d'un geste sacrilège, qu'il excusera par la création littéraire.
Ce cortège des violences fonde la richesse de nos collections privées et publiques.
New York, 1953. Joanna et Lawrence Ward engagent une nouvelle nourrice pour leur fille Gwen.
Très secrète, un peu étrange et parfois sévère, Vivian Maier trouve pourtant les faveurs de la petite fille qui la suit dans ses pérégrinations urbaines et l'observe capturer le monde qui l'entoure à travers l'objectif de son Rolleiflex.
À mi-chemin entre fiction et biographie, Paulina Spucches nous entraîne de Brooklyn au Champsaur, imaginant le contexte que pourrait renfermer chaque cliché de Vivian Maier, génie de la photographie de rue.