Immergés dans ce milieu, deux gamins font le pacte de toujours prendre soin l'un de l'autre. Romantiques, engagés dans leur pratique artistique, nourris de rêves et d'ambitions, ils se soutiennent et se donnent confiance pendant les années de vache maigre.
Just Kids commence comme une histoire d'amour et finit comme une élégie, brossant un inoubliable instantané du New York des années 60-70, de ses riches et de ses pauvres, de ses paumés et de ses provocateurs.
Véritable conte, il retrace l'ascension de deux jeunes artistes, tel un prélude à leur réussite.
En dix-huit "stations", Patti Smith nous entraîne dans un voyage qui traverse le paysage de ses aspirations et de son inspiration, par le prisme des cafés et autres lieux qu'elle a visités dans le monde. De la Casa Azul de Frida Kahlo aux tombes de Genet, Rimbaud, Mishima, elle trace un itinéraire flottant au coeur de ses références et de sa vie. Oscillant entre rêve et réalité, passé et présent, Patti Smith nous propose un livre inclassable, profondément sensible et sincère, illustré par les photographies en noir et blanc qu'elle prend depuis toujours, et qui confirme qu'elle est l'une des artistes actuelles les plus singulières et indépendantes.
Grand Prix Héroïne Madame Figaro 2016
Locus Solus, c'est le nom de la vaste propriété de Montmorency où Martial Canterel, savant génial et fou, dévoile à quelques visiteurs ses inventions étonnantes : une mosaïque de dents représentant un reître inspiré d'une légende scandinave ; une cage en verre renfermant des cadavres ramenés à la vie grâce à une injection de « résurrectine » ; un diamant géant rempli d'une eau éblouissante et habité par une danseuse-ondine ; un dispositif animant les nerfs faciaux de la tête de Danton... Au gré de cette exposition drôle et dérangeante, la mort et la folie envahissent le livre : de dépeçages en danses macabres, le parc de Canterel se fait peu à peu jardin des supplices. Dans ce roman paru en 1914 et qui fut son dernier, Roussel, conteur hors pair, atteint l'apogée de son art : l'univers fantasmagorique dans lequel il nous entraîne, sous sa gratuité apparente, laisse entrevoir le reflet inquiétant de la réalité. Selon Robert Desnos, l'un des premiers à avoir saisi la singularité de ce texte : « Aucune oeuvre n'a de dimensions plus grandes, de panorama plus vaste sur l'univers. »
Dossier
1. Une genèse complexe
2. La folie ou la mort : le chapitre manquant de Locus Solus
3. La machine et le cristal
4. La langue et les langages
"C'est par la misère que j'ai approché la vie.
La toile est liée à un drame fondamental.
La peinture, c'est un oeil, un oeil aveuglé, qui continue de voir, qui voit ce qui l'aveugle.
N'être rien. Simplement rien. C'est une expérience qui fait peur. Il faut tout lâcher.
Pour être vrai, il faut plonger, toucher le fond.
La toile ne vient pas de la tête, mais de la vie. Je ne fais que chercher la vie. Tout ça échappe à la pensée, à la volonté."
Bram Van Velde.
"Dit Bite ah bite habiteMoi vite" La révolte dadaïsto-surréaliste emprunta également la forme de la parodie obscène. Témoin ce livre ostensiblement scandaleux et blasphématoire où rien n'est caché de l'anatomie de Kiki de Montparnasse, photographiée par Man Ray, et où Benjamin Péret et Aragon livrent divers pastiches pornographiques de poèmes, chansons anciennes et comptines.
Bruno, l'"Agrume", est un esthète d'aujourd'hui : il fait sécher des citrons et des oranges chez lui pour en observer leur pourrissement multicolore, il s'extasie devant un champ de navets du Val d'Oise et s'émeut de la beauté d'un bouchon de lavabo durci et craquelé. Ensemble, Valérie et l'Agrume essayent de vivre quelque chose qui ressemble à une histoire d'amour.
Dans ce livre incroyable, Picabia se moque de tout, y dézingue tout. S'il y met à mal les idées, les sentiments, les principes, les conventions, déconstruit la réalité, rit de tout et de rien, et même de lui, c'est que jouer c'est vivre, autant que aimer ou travailler. Un véritable livre de chevet impertinent, construit de fulgurances poétiques teintées de dérision, profondément imbibées de nihilisme qui dérangent autant qu'elles amusent. Sans aucun doute le grand texte de Dada à Paris et le chef-d'oeuvre littéraire de Picabia, dont il est à l'image : brillant, scandaleux, provocateur, désinvolte. Ridiculisant l'art et les artistes, la littérature et les écrivains, les bourgeois et les poètes, rejetant toute forme d'autorité, Jésus-Christ Rastaquouère est exemplaire de l'esprit du moment.
Peintre, graveur et écrivain français, Francis Picabia (1878-1953) l'un des artistes polymorphes les plus productifs du XIXe siècle. Proche de Braque et Picasso à ses débuts, il fait scandale aux côtés de Duchamp à l'Armory Show en 1913. Suite à ce succès international, il prend une part active dans les mouvements d'avant-garde de l'époque. Polémiste, agitateur et iconoclaste, il anime aux côtés de Tristan Tzara les manifestations Dada à Paris, avant de rompre avec ses comparses en 1921.
Lorsqu'en 1968 parut la première édition d'Asphyxiante culture, Jean Dubuffet ne prenait pas en marche le train de la mode. Ses positions étaient anciennes, exprimées dès 1946 dans son Prospectus aux amateurs de tous genres.
Aujourd'hui encore la culture institutionnalisée, publicitaire, continue de régner dans l'attente de cette autre, souhaitée par Jean Dubuffet, qui désignerait « l'actif développement de la pensée individuelle ».
Asphyxiante culture est reparu aux Éditions de Minuit en 1986.
"Mon grand-père amenait ses maîtresses chez lui et faisait l'amour avec elles en couchant ma mère dans le même lit.Ma grand-mère, dont c'était le deuxième mari, demanda le divorce. Après avoir fait mine de vouloir se tuer avec un couteau de cuisine, il accepta gentiment.Ma grand-mère se remaria avec un gigolo, et mon grand-père épousa sa secrétaire qui avait trente ans de moins que lui. Comme voyage de noces, il l'envoya en vacances avec ma mère, car ses affaires le retenaient à Paris et qu'il ne pouvait se permettre de prendre du bon temps comme ça."Ces notes autobiographiques relèvent des gestes, des expressions, des éléments de décor, des choses observées, entendues, des souvenirs d'enfance, des histoires de famille, des réminiscences consignées comme elles venaient dans un ordre arbitraire.
Début 1951, René Char fait la connaissance de Nicolas de Staël à Paris. De cette rencontre naît le projet d'un livre commun Poèmes accompagné de quatorze bois gravés. Une année durant, Staël délaisse ses pinceaux pour exécuter à coup de gouges ses gravures, et rend fidèlement compte à Char de ses avancées et de la passion qui l'anime. Neuve alliance, faite d'admiration et d'estime.Lors de ses voyages, Staël ne cesse de parler à son jumeau aux « sabots ailés » pour l'entretenir de sa quête artistique et de ses chocs visuels. En 1953 Staël et les siens s'installent dans le Sud à proximité du poète, dans son milieu intime et familier. Trois ans durant, les lettres et cartes échangées jalonnent leur chemin de créateurs et racontent à demi-mot leur magnifique histoire d'amitié.C'est cette correspondance que les éditions des Busclats présentent ici avec un avant-propos de Anne de Staël fille ainée du peintre et des notes établies par Marie Claude Char, épouse du poète.
L'un, dans le jardin, ramasse des noix, cultive des patates, fauche l'herbe.
L'autre, dans l'atelier, dessine des noix, des patates, de l'herbe.
Après le travail, ils parlent (ils disent "batailler").
L'un est le patron, l'autre l'employé. Mais ils sont pays et tous deux s'interrogent sur le beau ("Ah ! une belle salade ! - Ah ! un beau tableau ! - Dis, c'est quoi, pour toi, une belle salade ?").
Au début, ils s'apprennent : le contact est un peu laborieux, et puis ça vient tout seul. Un sujet en amène un autre : les carottes, la vie, les citrouilles, la mort, les poireaux, la jalousie, les haricots, l'art, les petits pois, la maladie, les groseilliers, les voyages. Ils cultivent leur jardin, au propre et au figuré.
Le lecteur grappille un légume ou un fruit défendu à chaque page.
Au fil des ans, Scutenaire a égréné ses Inscriptions, dans le sillage de Restif de la Bretonne ou de Lichtenberg. Bien plus que de simples aphorismes - avec ce que le terme peut comporter de creux ou de factice -, les réflexions de Scutenaire vont au plus profond sans avoir l'air d'y toucher. Sa méfiance généralisée perce à ce jour les ressorts cachés du moi et du monde, et de cette déconstruction naît une oeuvre d'une richesse infinie, à laquelle on peut sans cesse revenir puiser.
"J'ai quelque chose à dire. Et c'est très court." Voilà qui résume la forme lapidaire, définitive et jouissive, privilégiée dans ce recueil, à mi-chemin entre le journal et le cahier d'humeur. Poèmes, aphorismes, sentences entendues et brefs récits se succèdent à un rythme effréné, comme s'il l'on suivait le cours de la pensée de ce poète anti-poète. Scutenaire ose écrire ce qu'il pense et touche à tous les registres du verbe. Il décrit les livres qu'il aime, les auteurs qui comptent, les mots qui lui importent ou les attitudes qui l'insupportent. Ce recueil regorge de trouvailles langagières et philosophiques, forme un puits de connaissance inépuisable et un témoignage sensible sur une personnalité hors du commun. "C'est ça le génie : ne pas le faire exprès."
Eau sauvage se présente sous la forme d'un "dialogue" à sens unique entre un père et sa fille, dont seules nous parviennent les répliques de ce père envahissant, démonstratif, préoccupé jusqu'à l'angoisse par le bonheur de sa fille, alternant les excès d'attentions et de reproches, et dont la maladresse se révèle en définitive profondément touchante. Dans cette suite de fragments plus ou moins brefs (un simple message sur le répondeur pour les plus courts), Valérie Mréjen donne la pleine mesure de ses qualités : une virtuosité étourdissante pour capter et restituer le langage familier dans ses clichés, ses rythmes et ses nuances de ton, une attention aiguë aux détails de la vie quotidienne, un détachement apparent sous lequel on devine constamment l'émotion. D'une drôlerie constante, Eau sauvage n'en traite pas moins profondément du grand thème qui sous-tend tous les livres de Valérie Mréjen, la difficulté du dialogue entre les êtres. C'est aussi - et de façon extrêmement originale, et peut-être unique, puisque jamais l'auteur ne dit "je" - un autoportrait en creux de l'auteur elle-même, et de toute une génération.
Sur un ton à la fois vif et tendre, Richard Texier dévoile son amitié de vingt ans avec Zao Wou-ki : depuis leur rencontre au Maroc, au début des années quatre-vingt-dix, jusqu'à la mort du peintre chinois en 2013. Les anecdotes légères se mêlent à l'évocation de moments
profonds où les deux hommes dialoguent sur l'art, peignent ensemble parfois, toujours dans ce mouvement joyeux qui caractérise les oeuvres de l'un comme de l'autre. Avec ce récit à la fois touchant et gai de leur amitié, Richard Texier offre à son ami un beau cadeau
d'adieu, habité par la dimension charnelle et sensuelle du geste artistique.
La correspondance entre André Breton et Benjamin Péret - 1920-1959 - revêt une importance majeure pour la connaissance du surréalisme, non seulement parce qu'elle représente une source inédite de l'histoire du mouvement depuis son origine mais, surtout, parce qu'elle constitue un exemple rare, sinon unique, d'une collaboration étroite et d'une amitié de toute une vie entre deux poètes. Breton disait de Péret : "J'en parle de trop près comme d'une lumière qui jour après jour [...] m'a embelli la vie." Tandis que Péret déclarait : "Je suis, à coup sûr, moins qualifié que quiconque pour parler d'André Breton parce que je ne pourrai jamais disposer du recul nécessaire pour apprécier une oeuvre et surtout une vie qui m'est si amicalement proche depuis près de quarante ans." Cette correspondance montre, loin des idées toutes faites, la véritable nature de cette relation reposant sur des affinités électives, des inclinations et des goûts sensiblement différents, mais en même temps complémentaires et indissociables. Comme le souligne Claude Courtot : "Ce principe supérieur ne serait-ce pas le signe d'une personnalité unique - trop écrasante pour un seul homme - [...] et qu'ils s'efforceront de rassembler ?" On assiste à un dialogue mené sur un pied d'égalité n'excluant ni les désaccords ni les nuances et qui apporte un démenti aux caricatures faisant de Breton un chef autoritaire et dominateur et de Péret le fidèle exécutant dans l'ombre du maître.
Tout au long de ces presque quarante années d'échange se succèdent des moments sombres ou lumineux : toute une vie à la hauteur de l'idée de liberté, d'émancipation de l'esprit et de transformation sociale que le surréalisme s'était fixée dès sa naissance.