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MARGUERITE WAKNINE
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Râteliers platoniques, Unique Eunuque, Poésie Ron-Ron, L'athlète des pompes funèbres
Francis Picabia
- MARGUERITE WAKNINE
- 18 Octobre 2024
- 9782493282477
On le pensait ici, il était là. On le croyait là-bas, il était par ici. Inclassable, le voilà, Picabia. Insaisissable au possible, tour à tour écrivain, peintre, dessinateur, critique, théoricien ; et rien, non plus, de tout cela, tant le sérieux, le salon, la chapelle, ne furent jamais ses tasses de thé. Pour retrouver cette liberté qui fut la sienne (sourire aux lèvres) et pour (re)découvrir l'étonnant poète (qu'il fut) (aussi) ont été rassemblées sous cette couverture quatre oeuvres majeures de Francis Picabia, écrites entre 1918 et 1920. Manière de ne jamais perdre de vue que ces oeuvres, qui furent toutes publiées sous forme de plaquettes à tirage extrêmement limité, sont encore et toujours à nous faire signe et nous accompagner.
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Il fait infailliblement figure de solitaire. En rupture avec l'Académie et comme indifférent aux théories et aux tendances artistiques, Egon Schiele (1890-1918) fut et demeure l'un des artistes majeurs de ce tournant du siècle où l'art moderne était à renverser résolument les normes de la représentation classique.
Et la proclamation du groupe éphémère d'artistes qu'il fonde avec quelques amis révèle sans nul doute au mieux sa position : Il n'y a pas d'art nouveau, il y a de nouveaux artistes... le nouvel artiste doit obligatoirement être lui-même, il doit être créateur et doit, sans intermédiaire, sans avoir recours à l'héritage du passé, construire, absolument seul, les fondements. En moins de dix années, Egon Schiele réalisera près de 3000 oeuvres sur papier et quelque 300 peintures : une oeuvre colossale où se retrouvent natures mortes, paysages, portraits et autoportraits.
Durant cette période d'intense activité, Egon Schiele ne s'est pas contenté du seul domaine de l'art : il a aussi écrit. Tous les textes de l'écrivain Schiele (hors correspondance) ont été rassemblés ici, dans une traduction nouvelle : soit 27 poèmes et trois textes en prose, dont deux inédits en français : Am 18. August 1912 et Die Kunst-der Neukünstler. Ainsi tout lecteur pourra-t-il découvrir, par cet autre biais, l'immense talent de cette artiste hors pair. -
Est-il encore besoin de décliner l'extraordinaire palette de Félix Vallotton ? Peintre, décorateur, dessinateur, graveur, (et même écrivain, si l'on y songe), d'une indépendance farouche, maître d'une oeuvre inclassable. C'est d'abord l'art de la gravure, dès 1891, qui lui apportera la notoriété. Rapidement, les contributions s'accumulent pour illustrer livres et revues. Dans le sillage de La Revue blanche, Alexandre Natanson crée un hebdomadaire politique et satirique :
Le Cri de Paris, dont Félix Vallotton illustre régulièrement les couvertures. Nombre d'entre elles sont réunies ici, où l'on retrouve la maîtrise du graveur, dans ces subtiles compositions de noirs et de blancs, de vides et de pleins, qui nous laissent découvrir des scènes de la vie d'où déborde la douce et railleuse ironie que l'oeil de Félix Vallotton sut poser sur le monde. Un maître en gravure, à propos duquel l'historien de l'art J. Meier-Graefe a sans nul doute raison d'écrire :
Vallotton a tant fait pour la gravure sur bois qu'il pourrait de gaîté de coeur renoncer à l'ambition d'être mentionné aussi en sa qualité de peintre.
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En traversant le xxe siècle et l'essentiel de ses drames (la Première Guerre mondiale au cours de laquelle il sera grièvement blessé, puis le régime national-socialiste qui rangera son oeuvre parmi l'art dégénéré), Oskar Kokoschka (1886-1980) pourrait passer sans doute, contre son gré, pour l'archétype de l'homme européen du siècle dernier. Après une naissance en Autriche- Hongrie, voilà bientôt une existence qui se déplace incessamment : Vienne, Dresde, Prague et Londres (à titre d'exil), et puis la Suisse enfin (sans oublier l'Afrique du Nord, le Proche-Orient et les États-Unis). On a retenu le plus souvent le peintre qu'il fut, élève de Gustav Klimt, pour perdre un peu de vue ses talents de graveur, de dessinateur, de décorateur (de théâtre notamment).
Et plus encore son oeuvre d'écrivain et d'auteur dramatique, sans oublier non plus ses nombreux essais et articles, et l'autobiographie qu'il rédigera en 1971. Parmi ses oeuvres de fiction brille d'un feu tout particulier Les garçons rêveurs, un texte poétique à l'onirisme revendiqué, qui voit le jour en 1907, accompagné de huit lithographies originales réalisées alors par Oskar Kokoschka. À ce texte, il a semblé judicieux d'adjoindre une courte nouvelle intitulée :
Le blanc-tueur, jusqu'à ce jour inédite en français, et qui doit être regardée, car déclarée comme telle par son auteur, comme la suite de ces garçons rêveurs. Ces deux textes auront au moins déjà pour grand mérite de nous faire découvrir un Oskar Kokoschka faisant part de son goût pour la plus grande des libertés. Un créateur exceptionnel, pluriel, bien trop souvent et facilement catalogué chez les expressionnistes, alors qu'il n'aura pas manqué lui-même de déclarer :
«Je n'ai pris part à aucun mouvement. Je suis expressionniste parce que je ne sais pas faire autre chose qu'exprimer la vie.»
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Peintre, puis musicien, Luigi Russolo est avant tout un membre du mouvement futuriste, qui ouvre exceptionnellement la voie aux conceptions modernes de la musique du xxe siècle grâce à son manifeste de 1913.
Un ouvrage à lire et à écouter.