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Cahiers Dessines
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Figure de proue de l'expressionnisme, considéré comme l'un des artistes les plus originaux et les plus audacieux du XXe siècle, Oskar Kokoschka est surtout célèbre pour ses affiches et ses illustrations dont les traits outrés et fracturés recèlent, en les dramatisant, des visions oniriques. Mais son oeuvre dessinée est loin de s'y résumer. Grand voyageur de par le monde, amoureux des paysages et des visages, il a également réalisé au crayon de couleur des portraits bouleversants, des insectes merveilleux, des scènes bibliques et mythologiques délicatement esquissées et d'étonnants paysages aux perspectives inattendues.
La présente monographie met pleinement en lumière cet aspect toujours méconnu de son oeuvre à travers plus de cent cinquante dessins présentés par Aglaja Kempf, conservatrice à la Fondation Oskar Kokoshka. Créée en 1988 au coeur du Musée Jenisch à Vevey (Suisse) par la veuve de Kokoshka, Olda, la Fondation possède aujourd'hui la plus grande collection au monde des oeuvres de l'artiste.
Oskar Kokoschka est né en 1886 à Pöchlarn, en Autriche-Hongrie, et mort en 1980 à Montreux. Après des cours à l'Université des arts appliqués de Vienne, où il est l'élève, entre autres, de Gustav Klimt, il devient professeur assistant à la School of Arts and Crafts de Vienne, d'où il est renvoyé en 1908 pour avoir montré, dans les expositions du modernisme organisées à la même époque, des oeuvres jugées scandaleuses. Jusqu'à la Première Guerre mondiale, il exécute les portraits des grands noms de la haute société viennoise, s'attachant à mettre la vérité au-dessus de la beauté, pour reprendre la célèbre formule de son ami Arnold Schönberg, et faisant fi de l'amour-propre de ses commanditaires. En 1937, il est déclaré «artiste dégénéré» par les nazis. Il s'exile à Prague où il réside jusqu'en 1938, puis à Londres. Il effectue de nombreux voyages en Grèce, en Italie, en Allemagne, en Tunisie, en Libye, en Turquie, au Maroc ou encore à New York et à Jérusalem, qui lui inspirent plusieurs séries de dessins. En 1953, il s'établit définitivement à Villeneuve, en Suisse, où il passera les vingt-sept dernières années de sa vie. -
En sortant d'un café, Giacometti s'exclama : « Ah !
Paris... Paris sans fin ! » Ainsi fut trouvé le titre de ce livre mythique publié en 1969 en lithographie à deux cents exemplaires par Tériade. Cent-cinquante dessins, accompagnés d'un texte de l'artiste resté ina- chevé, emmènent le lecteur dans un reportage hors norme à travers la capitale des années 1960. De l'ate- lier au café, à pied ou en voiture, sur les boulevards, à la gare de l'Est, au Jardin des Plantes, on découvre des rues, des façades, des bars, des voitures de l'époque, parfois quelques personnages - caïds, prostituées, joueurs à la petite semaine. Souvent considéré comme le testament de Giacometti, Paris sans fin constitue une fabuleuse pérégrination graphique de près de dix ans, où les images livrent un labyrinthe complexe de pistes contradictoires. Les horloges n'indiquent pas l'heure, les espaces se confondent : brisant les règles de la cohérence et de la chronologie, un récit surgit, le récit d'une vie, celle d'un artiste obstiné, absolu- ment sincère et inclassable. Trente dessins inédits complètent la présente édition.