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Atelier Contemporain
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«?Les oubliées, chaque fois renaissantes?»... Les oubliées, ce sont les herbes, les herbes sauvages des prairies comme les mauvaises herbes des terrains vagues. D'un côté, l'écrivain Gilles Clément cherche à décentrer le regard, à le faire descendre des «?hautes cimes?» pour le porter vers les herbes emmêlées, pour qu'?«?un autre monde vienne à nou? ». D'un autre côté, le photographe Stéphane Spach propose des vues vertigineuses de ces herbes qu'il recueille, brouillant l'échelle de ces troublants buissonnements. Tous deux ensemble renversent l'opposition entre l'infime et l'infini, pour nous laisser pressentir la forêt en dormance sous nos pas, sans cesse menacée, sans cesse renaissante.
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« Avec Dado », écrivait Daniel Cordier, son premier marchand avec qui le peintre avait noué une complicité intellectuelle, « nous sommes loin de l'esthétique, nous sommes au centre de l'humanité qui saigne, sans littérature et sans complaisance ». En contrepoint d'une oeuvre démoniaque et fascinante, l'ouvrage Dado, le temps d'Hérouval suit les traces de l'artiste dans sa vie quotidienne, retiré dans sa maison d'un hameau de l'Oise. « Un enfer », celui du monde contemporain, « transformé en Éden », disait le peintre en évoquant les moments heureux passés là avec ses enfants.
La tendresse d'un regard, celui de son fils, le photographe Domingo Djuric, propose une perspective nouvelle pour aborder l'univers du peintre qui affrontait courageusement l'horreur du monde. Dans la maison-atelier d'Hérouval, entourée de forêts et d'un étang, on retrouve ce que Dado nommait son « côté cour des miracles ». On peut voir les créatures infernales prendre vie sur ses toiles, alors qu'une cigarette au coin de la bouche du peintre se consume, que les fauteuils collectionnés s'empilent, que les inquiétantes poupées de Hessie Djuric nous observent, que les chiens dorment, que les chats veillent parmi les volatiles empaillés et les vieux ossements, que les enfants jouent.