Mouvement provocateur et dynamique, le Surréalisme déclenche au 20ème siècle un renouvellement esthétique et éthique. Les hommes ne sont pas les seuls à avoir rendu vivants ce courant et ses transgressions : de nombreuses femmes en furent des actrices majeures mais néanmoins mésestimées par les musées et minorées par le marché de l'art.
Le Surréalisme offrit à celles-ci un cadre d'expression et de créativité qui n'eut sans doute pas d'équivalent dans les autres mouvements d'avant-garde. Pourtant, c'est souvent en s'appropriant et en étendant des thèmes initiés par les « leaders » du mouvement qu'elles exprimèrent leur liberté. C'est aussi en se dégageant de ce qui devint parfois une doxa surréaliste qu'elles s'affirmèrent. « Tout contre » le Surréalisme, c'est ainsi que l'on pourrait définir leurs positions diversifiées et complexes à l'égard du mouvement.
Des années trente aux années soixante-dix, le surréalisme féminin forme des constellations éphémères, au gré de ralliements au mouvement souvent temporaires mais aussi d'amitiés qui se nouent hors de ce cadre. L'imaginaire de ces artistes n'est pas aligné sur celui des figures masculines du mouvement. Leurs pratiques, fréquemment interdisciplinaires - picturales, photographiques, sculpturales, cinématographiques, littéraires... - expriment leur volonté d'échappées belles au-delà des normes hétérosexuelles et des frontières géographiques.
C'est une cartographie d'un mouvement éclaté et mondialisé que l'exposition esquisse en évoquant les foyers belge, mexicain, britannique, américain, praguois et français du Surréalisme que ces femmes ont enrichis, passant parfois de l'un à l'autre.
Le Musée de Montmartre donne la parole à une femme oubliée, pourtant témoin intime d'une époque : celle de la bohème montmartroise et de la naissance de l'art moderne. Pour la première fois, une exposition et un livre sont consacrés à Fernande Olivier, modèle, écrivaine et artiste.
Cet ouvrage, étayé d'archives rares, analyse et contextualise ses écrits Picasso et ses amis (1933) et Souvenirs intimes (1988). Fernande y livre un récit touchant sur la condition féminine de son temps et dévoile l'intimité du Bateau-Lavoir : Apollinaire, Braque, Derain, Laurencin, Le Douanier Rousseau, Matisse, Max Jacob, Van Dongen et celui avec qui elle partagea sa vie de 1904 à 1912, Pablo Picasso.« Les livres concernant les artistes, peintres et littérateurs, dont je vais parler, sont muets sur leur intimité, pour la raison essentielle qu'ils n'ont raconté que ce qu'il plaisait aux intéressés de dévoiler publiquement. J'ai vécu avec eux, plus près d'eux que n'importe qui, puisque chez Picasso c'était aussi chez eux (...) J'ai vécu de leur existence, je les ai vus vivre, penser, souffrir, espérer et surtout travailler ; vivant, pensant, souffrant, espérant avec eux. Je peux donc, sans craindre de voir mal interpréter mes souvenirs, montrer leur vie secrète et laborieuse. » Fernande Olivier, Picasso et ses amis, 1933.
Souvent qualifié de « fauve méditerranéen », Charles Camoin (1879-1965) s'est inscrit, par ses liens avec Paris et la bohème montmartroise, dans le cercle de l'avant-garde internationale. Affilié au fauvisme, lié à Matisse, Marquet et Manguin, il n'a pour autant jamais renoncé à son indépendance artistique : « En tant que coloriste, j'ai toujours été et suis encore un fauve en liberté ».
Cet ouvrage permet de redécouvrir l'oeuvre du peintre en intégrant une centaine de tableaux et dessins, dont certains inédits. Il approfondit différents épisodes historiques et thématiques de la vie de l'artiste et analyse l'évolution de son langage pictural, fondé sur la sensation colorée.
Often described as the 'Mediterranean Fauve', Charles Camoin (1879-1965)- through his links with Paris and the bohemian life of Montmartre-joined the circle of the international avant-garde. Despite his affiliation with Fauvism and his friendship with Matisse, Marquet and Manguin, he never abandoned his artistic independence: 'As a colourist, I have always been a free Fauve'.
This catalogue will enable visitors to rediscover the painter's work, and will feature one hundred paintings and drawings, some of which have never before been exhibited. It takes a closer look at some of the main historical and thematic episodes in the artist's life, and analyses the developments in his pictorial language, based on the sensations of colour.
Comme la plupart des artistes de la modernité de la première moitié du XXe siècle qui s'installent dans la capitale, Raoul Dufy n'est pas, de naissance, un « Parisien de Paris ». Originaire du Havre, il quitte sa Normandie à l'âge de vingt-trois ans. Ses explorations le conduisent très vite à Montmartre, où il installe son atelier. Depuis le sommet de la Butte, il découvre le panorama parisien dont il transcrit, dès une première peinture de 1902, le moutonnement de la ligne des toitures et des cheminées, hérissé par les silhouettes des grands bâtiments et des célèbres monuments qui signent et signalent la spécificité de ce paysage urbain. Depuis des points de vue élevés, réels ou imaginaires, et jusqu'à la fin de sa vie, il déclinera sur tous les supports, pour tous les usages et destinations, et dans tous les formats, les infinies variations du Paris des années 1930, vu d'en haut.
Like most of the modern artists in the first half of the twentieth century who settled in the capital, Raoul Dufy was not a 'Parisian of Paris' by birth. A native of Le Havre, he left Normandy at the age of twenty-three. His creative explorations soon led him to Montmartre where he set up his studio. From the heights of the Butte he discovered the panoramic views of Paris, and in an initial painting in 1902 he depicted the undulating outlines of the roofs and chimneys, broken up by the silhouettes of the major buildings and famous monuments that mark and characterise this urban landscape. From real or imagined elevated vantage points and until the end of his life, Dufy represented infinite variations of 1930s Paris seen from above on every type of support, for different purposes, and in every format.
Catalogue officiel de l'exposition Otto Freundlich. La révélation de l'abstraction (1878-1943) au musée de Montmartre Jardins de Renoir jusqu'au 31 janvier 2021. Edition bilingue français-anglais. Pionnier de l'abstraction, Otto Freundlich (1878-1943), au début de sa carrière en 1908; séjourne au Bateau-Lavoir à Montmartre où il rencontre Picasso, Braque et Delaunay. Artiste engagé et visionnaire, il porte un message puissant en faveur d'un humanisme réinventé opérant une synthèse entre les arts, la philosophie et la politique. Stimagtisées en 1937, ses oeuvres des années 1910 et 1920 sont en partie détruites par le régime nazi, qji les dénonce comme représentatives de ce qu'il appelle art dégénéré. Freundlich est déporté et assassiné en 1943. Cet ouvrage met en lumière comment, par la multiplicité de ses créations et par sa pensée, il joua un rôle précurseur dans la conception de l'art abstrait.