La popularité toujours vivace de Gustav Klimt (1862-1918) s'explique non seulement par l'attrait particulier qu'exercent ses toiles luxuriantes mais aussi par les thèmes universaux sur lesquels il travailla: l'amour, la beauté féminine, le vieillissement et la mort.
Fils d'un orfèvre, Klimt composait des surfaces délicatement décoratives d'une luminosité précieuse, qui montrent la double influence des arts égyptien et japonais. Toiles, fresques ou frises, ses oeuvres se distinguent par des couleurs radieuses, des lignes fluides, des éléments floraux et des motifs rappelant la mosaïque.
Parce qu'il traite souvent de sujets en rapport avec la sensualité et le désir, ou l'anxiété et le désespoir, tout ce chatoiement est aussi chargé de sentiment. Les nombreuses figures féminines peintes par Klimt, reconnaissables entre mille par leurs formes voluptueuses, leur chair tendre, leurs lèvres rouges et leurs joues rosies, étaient particulièrement chargées de passion, à une époque où un érotisme d'une telle franchise était encore tabou dans la bonne société viennoise.
Ce livre présente une sélection d'oeuvres de Klimt, son univers pictural où le décoratif sert le désir, ainsi que son influence sur les générations suivantes d'artistes.
Peintre, sculpteur, écrivain, réalisateur et homme de spectacle, Salvador Dali (1904-1989) fut un des plus grands exhibitionnistes et excentriques du vingtième siècle. Il fut aussi un des premiers artistes à appliquer les théories de la psychanalyse freudienne à l'art, et devint célèbre avec ses oeuvres surréalistes, comme les montres molles ou le téléphone homard, qui sont aujourd'hui des jalons de l'entreprise surréaliste et du modernisme en général.
Dali décrivait fréquemment ses peintures comme «des photographies de rêves peints à la main». La tension captivante qui en émane réside dans la représentation précise d'éléments bizarres et dans ses compositions incongrues. Comme l'expliquait lui-même Dali, il peignait avec «la plus impérialiste rage de précision», mais seulement «pour systématiser la confusion et ainsi participer à discréditer totalement le monde de la réalité.»Révolutionnant le rôle de l'artiste, le moustachu Dali eut aussi l'intuition d'exhiber un personnage controversé dans l'arène publique et de créer à travers la gravure, la mode, la publicité, l'écriture et le cinéma une oeuvre qui pouvait être consommée et pas seulement contemplée au mur d'un musée.
Ce livre explore à la fois la peinture et la personnalité de Dali, en présentant ses aptitudes techniques, ses compositions provocatrices et ses thèmes fétiches, souvent ardus - la mort, le pourrissement et l'érotisme.
Après avoir flirté avec le réalisme, l'impressionnisme et le symbolisme, Kasimir Malevitch (1878-1935), né à Kiev, trouve sa voie dans la dissolution des figures et des paysages représentés littéralement en une abstraction pure et chargée d'émotion. En 1915, il crée ce que bon nombre saluent comme la première et ultime oeuvre abstraite: Carré noir (1915), un quadrilatère noir sur un fond blanc, qualifié de «point zéro de la peinture», qui marque un moment fondateur pour l'art moderne et abstrait.
Cet ouvrage retrace les innovations et les idées majeures de Malevitch en plaçant ses oeuvres révolutionnaires dans le contexte de l'avant-garde russe et mondiale. Au fil des reproductions fidèles et intenses de ses oeuvres, on explore sa théorie du suprématisme, qui repose sur une abstraction géométrique drastique et la «suprématie de la sensation pure dans l'art créatif», ainsi que son rôle crucial dans l'élaboration du constructivisme et son intérêt pour la philosophie, la littérature, l'art populaire russe... et la quatrième dimension.