Depuis plus de quarante ans, Ernest Pignon-Ernest investit les villes - de Paris à Naples, de Nice à Ramal- lah, de Montauban à Soweto - en apposant ses images sur leurs murs. Loin des musées, les oeuvres de ce pionnier du street art - images peintes, dessinées, sérigraphiées sur papier, multipliées à des dizaines d'exemplaires, collées dans des lieux très précisément choisis - se fondent dans l'architecture et métamor- phosent l'espace public en espace plastique. Qu'elles traitent de réalités sociales (les expulsés, l'avorte- ment, le sida), de poétique (Rimbaud) ou de musique (Jimmy Hendrix), de politique (la Commune, l'apar- theid), c'est toujours par le lieu où elles sont installées que ces images prennent tout leur sens.
Ce livre propose une large sélection de ces oeuvres éphémères, en les accompagnant de textes d'une cinquantaine d'écrivains, journalistes, philosophes, artistes - Henri Alleg, Mahmoud Darwich, Gisèle Halimi, Michel Onfray, Daniel Pennac, Olvier Py, Lydie Salvayre, Fred Vargas, etc. -, de formes diverses (poèmes, récits ou même essais), dans lesquels chaque auteur revient sur sa rencontre avec l'artiste et l'une de ses oeuvres.
Cette nouvelle édition intègre les derniers travaux d'Ernest Pignon-Ernest et de nouveaux textes parmi lesquels ceux de Julia Kristeva, Pierre Bergounioux ou Philippe Claudel.
Qui ne connaît le nom de Jean Moulin ? Sa silhouette ? Qui ne sait ce qu'il incarne : la Résistance, le courage, le sacrifice ? Celui que les clandestins ne connaissaient que sous des pseudonymes (Régis, Rex, Max...) et qui fut arrêté sous le nom de Jacques Martel avait eu, avant la Seconde Guerre mondiale, un double plus joyeux : Romanin. Dessinateur de presse à succès, artiste, ami de Max Jacob, collectionneur de Dufy ou d'Utrillo, Romanin qui était sur le point d'exposer à New York quand la France fut vaincue et occupée. Au temps de son action clandestine en France, Jean Moulin ressuscita Romanin pour mieux cacher le représentant du général de Gaulle et le ministre en mission qu'il était devenu. L'amateur d'art se fit galeriste pour vendre Degas, Valadon ou Matisse et justifier ses déplacements incessants. Mettant en avant des inédits dont les originaux n'avaient pas été conservés, fouillant dessins et croquis pour en identifier les personnages, restituant sa collection puis sa galerie, cet ouvrage met aussi à contribution des experts du dessin de presse, de l'histoire et du commerce de l'art, ainsi que des artistes pour caractériser Romanin, son oeuvre et ses goûts. Au-delà du plaisir de la découverte de ce musée Romanin , qui nous entraîne de la Belle Époque de l'enfance aux temps d'engagement et de combat, en passant par les Années folles des sports d'hiver, de la Côte d'Azur ou de Montparnasse, c'est le journal intime de Jean Moulin qui s'ouvre grâce à Romanin. Il révèle un homme épris de liberté.
Ernest Pignon-Ernest, artiste incontournable de la scène française, se livre sur son parcours et son processus de création dans cet ouvrage édité par le FHEL à l'occasion de sa grande rétrospective. Pionnier de l'art urbain, il dévoile 50 ans d'interventions dans l'espace public à travers ses installations, dessins et son oeuvre de photographe.
De Nice à Naples, Alger, Grenoble ou Soweto, il investit les murs du monde entier et colle ses dessins, figures poétiques et engagées, faisant de la ville son atelier et le théâtre des combats qu'il dépeint :
Rimbaud à demi effacé dans les rues de Paris, Pasolini en Pieta, caravagesque, couple expulsé collé sur le mur de son immeuble détruit, ouvrier au corps abimé par le travail ou personnages fantomatiques se tenant dans des cabines téléphoniques.
A ce témoignage, viennent s'ajouter les éclairages de Jean de Loisy : éléments biographiques, historiques, analyses d'oeuvres ou extraits des poètes qui habitent l'oeuvre de l'artiste.