On peut préférer Duchamp à Picasso, ou l'inverse, pencher pour l'économie précise et faussement désinvolte du premier, ou pour la boulimie créatrice du second, mais vouloir donner à l'un ou à l'autre artiste le dernier mot, c'est éviter à bon compte un débat sur le statut de l'art aujourd'hui, qui est loin de se résumer au constat du décès de la peinture et de la sculpture, ou au miracle de leur résurrection d'entre les ruines.
L'acquisition des Enfants Blanchard par un Picasso si peu enclin à la collection, en dépit des moyens financiers qui étaient les siens, demeure une petite énigme, qu'à défaut de résoudre (sauf miraculeuse réapparition d'une correspondance perdue, personne ne saura jamais la vérité) on ne peut s'empêcher de vouloir interroger.
L'essentiel sur l'Art Pauvre !
En 1967, différents manifestes annoncent la naissance de l'Arte Povera. L'exposition et l'article de Germano Celant inscrivent d'emblée le mouvement à la croisée des disciplines, faisant autant référence aux arts plastiques qu'au cinéma ou au théâtre. L'Arte Povera se caractérise par la simplicité du geste créateur et la mise en évidence d'une matière dépouillée. Les matériaux utilisés par les artistes sont souvent naturels ou de récupération.
Cette forme de recyclage tient moins d'un credo que d'une attention portée aux traces, aux reliefs et aux plus élémentaires manifestations de la vie.
Célèbre pour ses monochromes et pour le fameux bleu outremer qu'il a fait breveter (International Klein Blue), Yves Klein (1928-1962) est assurément l'un des protagonistes de l'art de la seconde moitié du XXe siècle. Judoka émérite, organisateur d'« actions-spectacles », Yves Klein a transformé ses modèles en « Pinceaux vivants », réalisé des « Peintures de Feu », imaginé des oeuvres immatérielles et participé à sa manière à la conquête de l'espace. Il a également beaucoup écrit et son activité est documentée par des photographies, des films et des enregistrements sonores. Ainsi l'artiste a bel et bien construit son propre mythe, la création de son oeuvre ne faisant qu'un avec la création de soi.
Mettant en regard ce récit public avec la dimension plus personnelle et intime de son oeuvre, cet ouvrage explore les liens entre le vécu de l'artiste et ses créations. Au fil des pages, ce livre nous invite parmi les intimes d'Yves Klein - ses parents, peintres, ses modèles et collaboratrices, son cercle d'amis avec lesquels il échange et crée - afin d'explorer de près sa vision de l'art, son sens de l'humour, ses relations avec la religion et la spiritualité, jusqu'à son aspiration ultime vers l'« immatériel ».