Affecté dans un collège de province, un jeune professeur originaire de Tôkyô se heurte aux tracasseries de ses élèves et aux manœuvres de ses collègues. Drôle, satirique et malicieusement contemporain, Petit Maître est un conte initiatique incontournable, considéré comme un classique des lettres japonaises.
Natsumé Sôseki (1867-1916) est encore aujourd’hui l’un des écrivains les plus étudiés au Japon. Il est notamment l'auteur de Je suis un chat, succès critique et public, et d’Oreiller d’herbes, l’un des romans fondateurs de la littérature moderne.
« Le plus grand écrivain qu’ait produit le Japon au cours de sa modernisation de l’époque de Meiji est Natsumé Sôseki » Kenzaburô Ôé (Prix Nobel).
Traduit du japonais par René de Ceccatty
Sôseki écrivit pour un journal le feuilleton de ses Petits contes de printemps au printemps 1909. Ces fragments de journal intime ont chacun une tonalité très différente, tantôt intime et familière, tantôt d'une drôlerie délicate, étrange, ou encore empreinte de nostalgie. Ils donnent à voir le temps qui passe, la douceur d'un soir de neige ou la beauté des flammes. Une façon de lire l'impermanence des choses.
Si Sôseki le romancier est de longue date traduit et commenté chez nous, une part plus secrète et à la fois plus familière de son oeuvre nous est encore inconnue, Sôseki a écrit plus de 2500 haikus, de sa jeunesse aux dernières années de sa vie : moments de grâce, libérés de l'étouffante pression de la vie réelle, où l'esprit fait halte au seuil d'un poème, dans une intense plénitude.
« Affranchis de la question de leur qualité littéraire, ils ont à mes yeux une valeur inestimable, puisqu'ils sont pour moi le souvenir de la paix dans coeur... Simplement, je serais heureux si les sentiments qui m'habitaient alors et me faisaient vivre résonnaient, avec le moins de décalage possible, dans le coeur du lecteur. »
Ce livre propose un choix de 135 haïkus, illustrés de peintures et calligraphies de l'auteur, précédés d'une préface par l'éditeur de ses OEuvres complètes au Japon.
En 1914, le romancier, Sôseki (1867-1916), alors très célèbre, est invité à donner une conférence à l'Ecole des Pairs, où il a failli enseigner dans sa jeunesse. Avec humour et profondeur, il explique aux étudiants sa conception de l'individualisme. Partant de son expérience personnelle d'étudiant et de jeune enseignant, il raconte son cheminement, rappelant certains de ses livres. Peu à peu, il parvient à un véritable petit traité de morale, qui définit l'autonomie, la tolérance, les limites de l'individualisme en collectivité et la nécessité de recourir à une éducation intériorisée et non pas seulement conformiste. Nous avons joint quelques lettres que Sôseki écrivit à ses amis intellectuels, concernant la création littéraire et la formation de la pensée.
Un grand roman d'une légende de la littérature, un classique du catalogue de Rivages. Jirô, jeune employé sans histoire, doit rejoindre à Osaka un de ses amis pour une promenade dans la campagne japonaise. Il en profite pour rendre visite à un parent de sa mère et se voit contraint de s'intéresser à des problèmes familiaux dont il espérait se détacher. Son ami n'est pas au rendez-vous : hospitalisé d'urgence, il doit annuler ses vacances. Ce contretemps révèle alors à Jirô les multiples drames qui sont habituellement cachés par la réalité quotidienne et les conventions. Avec une finesse psychologique hors du commun, Soseki sonde l'âme humaine et ses errances.
On croit d'abord plonger avec délices dans l'intimité d'un couple sans histoires, assez bien résigné à sa paisible médiocrité et peu à peu, dans le cours de ces vies ordinaires, avec leurs méprises quotidiennes, leurs mouvements secrets et leurs élans de faible amplitude, Sôseki dessine un admirable portrait de couple. Mais les personnages de Sôseki ne passent guère les portes auxquelles ils peuvent timidement heurter : ils rêvent d'affirmer un individualisme qu'ils n'ont pas la force d'assumer et, pétris de remords, incapables de parler à ceux qu'ils aiment, ils s'abandonnent à une triste résignation que l'auteur sait mieux que quiconque dépeindre avec une profondeur et une sincérité magistrales.
"La société civilisée est un champ de bataille où l'on ne voit pas le sang couler. Vous devez vous préparer à faire face. Vous devez vous préparer à tomber. Ceux qui restent debout dans la rue de la vie avec pour seul but la réussite sont tous des escrocs."
Rafales d'automne occupe une place à part dans l'oeuvre de Sôseki, par la portée subversive de son propos, l'audace de son jugement moral sur son époque, qui est aussi un jugement politique.
Deux jeunes gens, amis très proches depuis leurs études à l'université, font leurs premiers pas dans le monde. L'un est un esthète à la vie brillante d'un fils de famille prospère. L'autre est un aspirant romancier à la santé fragile, qui tire le diable par la queue. Leurs chemins vont croiser celui d'un professeur rebelle et excentrique, chassé pour insoumission à l'autorité de tous ses postes en province et décidé à faire entendre sa voix à Tôkyô. Et le vent qui se lève, ces rafales coupantes de l'équinoxe d'automne, sera celui de la révolte du savant, de l'homme de bien, face à la nouvelle société soumise aux puissances de l'argent qui s'installe en ce début de vingtième siècle au Japon. Une révolte que Sôseki défend avec cette passion teintée d'ironie qui le caractérise.
Certains livres, parfois, semblent portés par l'aile frémissante d'un oiseau. En voici un, né de la joie intense d'avoir échappé à la mort. En 1910, hospitalisé pour une grave maladie qui met ses jours en danger, Sôseki note au quotidien l'évolution de son état et ses réflexions. Choses dont je me souviens. Ce qu'il tente de retenir avec tant de hâte, malgré son extrême faiblesse, c'est bien sûr le miracle de la vie rendue, mais surtout la paix du coeur, la clarté pleine de grâce qu'a atteinte sa conscience libérée de la pression de la vie réelle par cette expérience si particulière de la maladie.Si je fais le compte des occasions où j'ai pu me dire au cours de ma vie qu'une chose m'avait rendu réellement heureux, réellement reconnaissant, réellement humble, je m'aperçois qu'elles sont infiniment rares. Mon souhait le plus cher est de conserver intacts dans le fond de mon coeur, le plus longtemps possible, ces sentiments privilégiés qui m'habitaient alors...Si ce texte, prose entremêlée de poèmes,a une tonalité unique dans l'oeuvre de Sôseki, c'est que l'écrivain en a fait la mémoire du bonheur.
Roman autobiographique : dans l'intimité du couple que forment Kenzô et sa femme, le quotidien scelle une entente faite de méprises et de malentendus.