Max Ernst, né le 2 avril 1891 à Brühl et mort le 1 er avril 1976 à Paris, est un peintre et sculpteur dont l'oeuvre se rattache aux mouvements dadaïste et surréaliste.
« Mes yeux ont vu alors des têtes humaines, divers ani- maux, une bataille qui finit en baiser, des rochers, la mer et la pluie, des tremblements de terre, le sphinx dans son écurie. » L'oeuvre de Max Ernst est présente dans de nombreux musées français et étrangers, et particulièrement :
- Grenoble, Musée de Grenoble - Paris, musée national d'art moderne
Réalisé à partir de vieilles gravures découpées dans des catalogues, des feuilletons populaires ou des revues savantes, le Rêve d'une petite fille qui voulut entrer au Carmel (1930) est le deuxième des trois "romans-collage" de Max Ernst, après La Femme 100 têtes. C'est aussi le plus proche d'un vrai roman par sa trame narrative : il relate les cauchemars et fantasmes de Marceline-Marie, qui fait le voeu de prendre le voile après avoir été victime d'un viol le jour de sa première communion. Charge féroce contre une religion accusée d'asservir les âmes et les corps, ce livre à l'humour très noir est un des chefs-d'oeuvre perdus du surréalisme.
Publié en 1929, La Femme 100 têtes est le premier des trois grands romans-collages de Max Ernst. Pour élaborer ce poème visible qui s'apparente au cinéma et à la lanterne magique, l'artiste allemand a puisé à la fois dans les revues scientifiques et les romans-feuilletons du XIXe siècle. Breton, qui l'a préfacé, y voyait le livre d'images de ce temps où il va de plus en plus apparaître que chaque salon est descendu au fond d'un lac. Desnos, qui lui consacra un article, y trouvait un goût de meurtre et de sang.
Attention, ce livre n'a rien à voir avec la série enfantine des Monsieur Madame : ici pas de petits personnages colorés et souriants, mais des formes spectrales que Max Ernst (avec l'aide de Man Ray) fait littéralement surgir du noir par frottage sur papier photographique. Pourtant il s'agit bien d'une histoire d'enfant, mais d'une enfance que René Crevel décrit comme étouffée par les peurs et les conventions des adultes, où la venue d'une grande cousine amène une petite fille à se poser des questions aussi graves que Qu'est-ce que la mort? Qu'est-ce qu'une putain?. Publié à 250 exemplaires et en anglais en 1931, ce trésor caché du surréalisme n'avait jusqu'ici jamais connu d'édition courante.