Dans ce texte inattendu écrit en 1921, le peintre suprématiste Kazimir Malévitch se livre à une réhabilitation de la paresse et de l'oisiveté «mère de la vie». Il rappelle que toute civilisation doit tendre à affranchir l'homme du travail, afin de permettre son plein épanouissement.
"Le travail doit être maudit, comme l'enseignent les légendes sur le paradis, tandis que la paresse doit être le but essentiel de l'homme. Mais c'est l'inverse qui s'est produit. C'est cette inversion que je voudrais tirer au clair." Dans ce texte inattendu écrit en 1921 et inédit en français, le peintre suprématiste Kazimir Malévitch se livre à une réhabilitation de la paresse et de l'oisiveté "mère de la vie". Il rappelle que toute civilisation doit tendre à affranchir l'homme du travail, afin de permettre son plein épanouissement.
L'on connaît de Malévitch, auteur du Carré blanc sur fond blanc, son oeuvre de peintre. L'on connaît moins ses écrits, ceux d'un théoricien hors pair. Ces productions sont pourtant indissociables, comme le montre le présent volume, première édition intégrale des écrits de Malévitch, dans une traduction revue de Jean-Claude Marcadé. Ces écrits débutent en 1913 pour prendre fin en 1930. Manifestes, cours et traités éclairent le cheminement intellectuel de l'artiste et ce qui l'a conduit au suprématisme. L'auteur pose un regard subtil sur l'oeuvre de Cézanne, de Van Gogh et de Monet, et apparaît comme un éminent pédagogue. En venir à peindre un Carré blanc sur fond blanc, premier tableau achrome de l'art moderne, véritable icône au plein sens du terme, devient une évidence logique.
Kazimir Malévitch (1878-1935) a posé à l'art du 20e siècle la question de son statut ontologique.
Dans ses oeuvres, bien sûr., en offrant à son temps l'image condensée de ses aspirations et de ses hantises, mais aussi dans ses écrits théoriques. L'histoire de son maître-ouvrage, "Le suprématisme. Le monde sans-objet ou le repos éternel", est chaotique. Ce livre capital est resté longtemps inédit. Malévitch l'a écrit à Vitebsk entre 1919 et 1922. Il l'a sauvé de la censure soviétique en le confiant à des amis allemands lors de son voyage à Berlin et au Bauhaus, où l'on publia sous ce titre une brochure sans rapport avec l'original - dont le manuscrit est conservé au Musée Stedelijk d'Amsterdam.
La première édition intégrale du texte russe n'a eu lieu qu'au début des années 2000. En français, seul un extrait a été traduit.