« Je crois que je n'ai jamais voulu faire à tout prix quelque chose qui soit de la sculpture ; j'ai toujours travaillé à partir de l'objet, de la logique de la matière. [...] Quand j'ai utilisé l'arbre, [...] je me suis servi du bois et de la végétation comme matière capable de se transformer, de se modeler. Je reconnais par ailleurs la richesse symbolique de l'arbre, mais le principe fondamental de mon travail est une adhésion à la réalité. » Giuseppe Penone
Giuseppe Penone, né en 1947 en Italie, est associé au mouvement de l'Arte Povera. Artiste de renommée internationale, il a représenté l'Italie à la Biennale de Venise en 2007 et est intervenu dans les jardins et au château de Versailles en 2013.
Cet ouvrage passionnant, illustré par de nombreuses photographies d'oeuvres de toutes périodes de Penone, réunit l'ensemble de ses écrits présentés de manière chronologique. Ces courts textes permettent de mieux appréhender son oeuvre et sa personnalité.
Ils paraissent dans une édition augmentée de ses dernières contributions.
Comme il l'exprime dans Respirer l'ombre, iltente de « retrouver les valeurs de l'exaltation de l'oeuvre exceptionnelle, extrême, unique, impossible, absolue avec la force et l'éternité des vingt ans.
[...] Une oeuvre modelée par un vent de terre et qui laisse les empreintes de la mémoire des rêves. Une oeuvre qui renferme les valeurs recueillies à l'occasion d'un voyage dans le temps sur un astronef d'argile. Un voyage qui croise d'autres voyages, de périodes lointaines, de gens lointains, de terres lointaines. [...] en portant le regard sur l'austère, la furtive, la volubile, la superbe, la moqueuse, la rayonnante, l'infidèle, l'infime, l'immense présence poétique. »
Respirer l'ombre est la part devolue au langage du surprenant dialogue, pour le reste prioritairement fait de gestes, avec ce que nous appelons la nature, entame par l'artiste voici plus de trente-cinq ans. Un dialogue dont on remarquera qu'il est toujours mezzo voce : la conscience qu'a Penone d'une fraternite avec les pierres ou les plantes (il sait, comme Klee, que l'homme est nature, morceau de nature dans l'aire de la nature), sa familiarite decontractee avec l'Antiquite (l'Italie n'est-elle pas ce pays ou l'histoire de l'art tient lieu d'histoire tout court ?) le fait converser d'egal a egal avec l'arbre et le ruisseau, tutoyer leurs divinites tutelaires (empruntees surtout au pantheon greco-romain, mais s'y invite ici ou la un dieu exotique). Respirer l'ombre peut se lire comme un recueil de recits mythiques, de paraboles fondatrices, sans qu'on puisse y deceler la moindre trace de pathos ou de grandiloquence ; le mythe prend des allures du haiku cher a Roland Barthes, et les textes de Penone parlent des choses cachees et des commencements du monde avec la precision econome et discrete d'un journal de bord. »