Qu'est-ce que l'art abstrait ? On connaît, croit-on, la réponse : c'est le non-figuratif et il naît du côté de Kandinsky vers 1913.
La réalité, pourtant, est autre. D'abord, parce que le débat sur l'abstraction est antérieur à l'émergence de l'art abstrait. Nourri par les arguments pour ou contre le fauvisme, le terme, qui circule dans les acceptions les plus diverses, de Cézanne à Derain, de Matisse à Braque, de Van Gogh à Kandinsky, renvoie à d'autres domaines, où il a surgi : la philosophie, l'esthétique, les sciences physiques ou bien encore l'optique physiologique.
Étudier au plus près des oeuvres et des écrits des peintres comme de la réception critique, la migration du terme et les significations nouvelles dont il se charge, permet à Georges Roque de saisir l'art abstrait sous une lumière tout à fait autre. Dépassant les deux écoles très historiques dans leur approche (l'esthétique ou formaliste : en épurant les couleurs, les peintres ont atteint l'abstraction ; la spiritualiste ou absolutiste : en devenant visionnaires, les peintres ont atteint l'essence), il révèle l'abstraction comme une grammaire de la ligne et de la couleur, dont il nous permet de redécouvrir la fraîcheur des signes.
L'ouvrage de Georges Roque, l'un des plus grands spécialistes mondiaux de la couleur en art, est consacré au pigment rouge tiré de la cochenille, insecte hémiptère que les peintres ont utilisé à partir de la seconde moitié du XVI? siècle.Il entreprend de remonter à la création de cette couleur qui, comme d'autres dès le Moyen Âge, était obtenue par la préparation, le broyage d'insectes, de plantes, de minéraux ou de mollusques.La méthode proposée rompt avec la façon commune d'approcher les couleurs, généralement analysées avant tout sous l'angle esthétique. Il s'agit, à partir du cas particulier de la cochenille, d'aborder la couleur comme la partie d'un tout complexe dans lequel la valeur esthétique est certes présente, mais corrélée à la valeur économique et à la valeur sociopolitique. Originale et plurielle, la démarche de Georges Roque convoque aussi bien l'histoire économique et l'industrie textile que les disciplines scientifiques de pointe. De Séville à Venise et à Amsterdam, il invite ainsi à porter un regard neuf sur les chefs-d'oeuvre de Velazquez, Titien, Véronèse, Rembrandt, Renoir ou Van Gogh.
La couleur ? Elle fascine et séduit. Elle semble échapper à toute appréhension. Longtemps son caractère « accidentel » a paru décourager toute science : sur elle, on ne pouvait fonder un art. D'où la prééminence du dessin.
Newton relance la recherche en établissant que la lumière blanche n'est pas homogène mais composée. Après lui Buffon, puis Goethe firent place aux couleurs accidentelles, ces couleurs d'origine physiologique qu'ils rapportaient à l'oeil percevant.
Chevreul, savant chimiste, remet en question, dans les années 1840, les rapports admis de l'oeil et de l'objet perçu en établissant la loi générale qui régit la perception des rapports entre couleurs contiguës. Une revalorisation de la couleur s'ensuivit qui a exercé une influence considérable sur plusieurs générations de peintres : Delacroix, les impressionnistes, Van Gogh, Gauguin, Seurat, Signac, les symbolistes, les futuristes et Delaunay. Ce changement de paradigme ouvre sur la conquête des voies propres de la couleur. Ce qui mènera la peinture jusqu'à l'abstraction.
Georges Roque, dans ce livre d'histoire de l'art et d'histoire des sciences, étudie la démarche de Chevreul, et l'extrême complexité des échanges qui eurent lieu entre les théories scientifiques de la couleur et la pratique artistique. Il nous fait vivre cette révolution du regard qui ouvre l'art à l'espace de la couleur - et pas seulement en peinture.
Cet ouvrage a pour objet les rapports entre couleur et lumière, principalement en histoire de l'art. Ces rapports complexes n'avaient pas encore été étudiés sous l'angle retenu : la dépendance de la couleur à l'égard de la lumière, puis son difficile affranchissement. Comme la plupart des traités artistiques depuis la Renaissance font dépendre la couleur de la lumière, il s'agit d'aller à l'encontre de cette vieille tradition.
Cette question est abordée sous différents angles. D'abord interroger les rapports entre les deux premiers parmi les trois critères qui définissent d'ordinaire une couleur donnée (teinte, clarté et saturation). Puis questionner l'opposition classique faite entre le Nord qui serait coloré et le Sud lumineux, une distribution datant de l'Époque des Lumières et qui en viendra à s'inverser diamétralement dans la seconde moitié du XIXe, à partir du moment où certains artistes (Gauguin, Van Gogh) transformeront l'intensité lumineuse en intensité chromatique.
Enfin réfuter cette idée selon laquelle l'aventure de la couleur dans l'art moderne à partir de l'impressionnisme aurait consisté à se focaliser sur les couleurs « spectrales » en éliminant le noir, alors que cette aventure a eu lieu grâce à la prise en compte du noir et du blanc et non par son rejet, d'abord au XIX e , puis chez les plus grands coloristes du XXe siècle.
«Pierre Bonnard est-il un grand peintre ?», se demandait le directeur des Cahiers d'art dans son article nécrologique. La réponse, un non catégorique, pèsera lourd sur sa réputation posthume. Trop souvent considéré comme peintre «intimiste bourgeois», il a été rejeté de la modernité, par rapport à laquelle il a toujours adopté une position marginale. De ne pas avoir été jugée «moderne», son oeuvre a été soit rejetée sans appel par certains des apôtres du modernisme, soit récupérée par ceux qui, las des avant-gardes, prônent le retour au réalisme. C'est dire l'urgence de la nouvelle lecture que propose cet ouvrage : ni rejeter Bonnard parce qu'antimoderne, ni le louer pour la même raison, mais le réévaluer dans la perspective d'une histoire critique du modernisme. Cette réévaluation porte dans un premier temps sur une analyse de sa fortune critique, afin de comprendre la relation complexe qu'il entretient avec l'art moderne ; puis sur une nouvelle approche de sa démarche picturale mettant l'accent sur le rôle des sensations ; et enfin sur la mise en évidence de ce qui apparaît comme une stratégie systématique dans sa production : viser, par un travail patient sur la composition, la lumière et la couleur, à orienter le regard du spectateur vers la surface de la toile - une stratégie qui, lorsqu'elle aboutit, est de nature à lui rendre la place qu'il mérite parmi les grands peintres du XX? siècle.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Berlin 1946, capitale de la débauche... Dans l'inquiétante Mulackstrasse, en zone soviétique, ou sur l'avenue occidentale du Kurfürstendamm incendié de néon, rôdent des milliers de "respectueuses", venues de tous les coins d'Europe et que, souvent, rien ne prédestinait à cette existence dégradante. Chassées de leur propre pays, traquées par les polices militaires alliées, les Schupos et la Volkspolizei, ces Russes, ces Polonaises, ces Croates, ces Françaises, ces Serbes, ne sont plus maintenant que des "femmes à soldats". D'un style brutal et souvent audacieux, l'auteur conte les aventures tantôt héroïques - tels les combats acharnés des Kanalarki, dans les égouts de Varsovie - tantôt sordides, mais toujours bouleversantes, qui ont conduit ces "bêtes à plaisir" parmi les ruines et les décombres de cette Tour de Babel de la prostitution. Après le grand succès de "Commandos de femmes", qui sera d'ailleurs prochainement traduit en allemand, Georges Roques nous donne, avec ce nouveau roman, une de ses oeuvres les plus féroces, où les scènes de guerre, de carnage et d'orgie atteignent un réalisme hallucinant.
Berlin 1946, capitale de la débauche... Dans l'inquiétante Mulackstrasse, en zone soviétique, ou sur l'avenue occidentale du Kurfürstendamm incendié de néon, rôdent des milliers de "respectueuses", venues de tous les coins d'Europe et que, souvent, rien ne prédestinait à cette existence dégradante. Chassées de leur propre pays, traquées par les polices militaires alliées, les Schupos et la Volkspolizei, ces Russes, ces Polonaises, ces Croates, ces Françaises, ces Serbes, ne sont plus maintenant que des "femmes à soldats". D'un style brutal et souvent audacieux, l'auteur conte les aventures tantôt héroïques - tels les combats acharnés des Kanalarki, dans les égouts de Varsovie - tantôt sordides, mais toujours bouleversantes, qui ont conduit ces "bêtes à plaisir" parmi les ruines et les décombres de cette Tour de Babel de la prostitution. Après le grand succès de "Commandos de femmes", qui sera d'ailleurs prochainement traduit en allemand, Georges Roques nous donne, avec ce nouveau roman, une de ses oeuvres les plus féroces, où les scènes de guerre, de carnage et d'orgie atteignent un réalisme hallucinant.
Cet ouvrage revient sur l'oeuvre, les héritages et l'actualité de deux figures magistrales et fondatrices - mais aussi "encombrantes" et débattues - de la géographie française et mondiale. Il propose à travers quatre volets des éclairages sur ces deux grandes figures : Reclus géographe de la liberté et son regard sur le monde, la vulgarisation géographique des deux auteurs et leurs visions sur l'organisation territoriale des sociétés.