"Etel Adnan est au coeur de l'histoire humaine dans son immédiateté, ses contours surprenants, ses défaites, ses deuils, ses éclats d'imaginaire, sa solidarité. Elle est au coeur du combat poétique, elle affine l'arme de l'art pour mieux vivre et appréhender le monde. Sa poésie est fondatrice à la manière de la Beat Génération, mais avec une conscience plus aiguë, plus radicale. Et cela s'explique : la beauté sans nom et le martyr du monde arabe moderne sont au coeur de son cantique qui traverse les consciences et les civilisations." (extrait de la préface de Michel Cassir).
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
Les êtres et leurs ombres ont quitté le jardin. Les chaises se regardent, se demandant si elles doivent converser entre elles ou se taire. I1 y a: un ciel fendu, des branches qui coupent l'air, un bassin octogonal habitué à nos larmes. Il n'y a plus de nuit et le jour n'est pas encore créé. - Les anges ne connaissent pas la Terre. Cette poésie s'écrit - et se lit- à la frontière de la vie et de la mort, là où le ciel disparâîtdans le ciel.
Dans ces entretiens avec Laure Adler réalisés peu de mois avant sa mort en automne 2021, Etel Adnan retrace avec profondeur et émotion les expériences fondatrices de sa démarche artistique, entre la poésie et la peinture. De sa jeunesse au Liban à sa reconnaissance tardive (et « fatigante ») lors de la Documenta en 2013, en passant par ses années américaines à New York et surtout en Californie, la conversation devient vite complice, et c'est le destin parfois difficile des femmes qui est revisité, questionné.
Ce qui est étonnant, c'est la tonalité vivifiante et primesautière du livre, et l'absolue croyance en la beauté qui l'habite : la beauté du monde, la beauté de l'art. La conclusion est en vérité une magnifique ouverture : « Aujourd'hui, c'est le printemps. Il y a cette belle lumière. Regardez, les fleurs dans le vase. L'olivier sur le balcon. C'est une bonne journée. »